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  • samedi, avril 16, 2022

    EASTERN PROMISES (DAVID CRONENBERG)

    Daté de 2007, surmontant A History of Violence (2005), et le très étrange Spider (2002), ce film - au titre français Les Promesses de l'ombre - est le premier à être tourné hors des Etats-Unis, en l'occurrence à Londres en Angleterre. Peut-être faut-il y voir l'importance de cette ville en matière d'immigration, qui se révèle particulièrement forte, et aussi dans le choix des acteurs, pour une fois presque tous originaires de pays différents (je les mentionnerai entre parenthèses).

    Le film démarre par une scène très violente, où l'on distingue à peine le russe Kirill (Vincent Cassel, un français), en train d'assassiner quelqu'un qui vient se faire coiffer dans la boutique d'Azim (Mina E. Mina, un égyptien) :

    Aussitôt suivi par la mort de la jeune prostituée russe de 15 ans, Tatiana (Sarah-Jeanne Labrosse, une canadienne), qui ne laisse que son carnet de notes, et sa propre fille sur le point de naître, encore  miraculeusement vivante  :
    Qui va la mettre au monde ? Une autre russe, Anna Khitrova (Naomi Watts, une anglaise), qui va jouer dans toute l'œuvre un rôle fondamental, peut-être le seul à être dépourvu d'ambivalence et de mensonges perpétuels :
    On le découvre assez vite, car même si elle parle couramment le russe, elle ne le lit pas bien, et propose donc la traduction du carnet de notes de la jeune fille au célèbre patron de restaurant russe, Semyon (Armin Mueller-Stahl, un allemand) :
    Même s'il a l'air réticent dans un premier temps, il va finalement se consacrer à cette traduction, quel que soit l'énergie que cela lui coûte... Pendant ce temps, Kirill, Azim le barbier, et Nikolai Loujine (Viggo Mortensen, un américain), le chauffeur du premier, se concentrent sur le meilleur moyen de rendre le mort du début totalement anonyme :
    Et en ce qui concerne ce gente de problèmes, Nikolai s'avère beaucoup plus fort que Kirill... Lequel, tout en se faisant passer de temps en temps pour son frère, n'utilise en réalité son énergie qu'à boire de l'alcool, faire du trafic, et baiser à tour de bras :
    C'est là que l'on découvre que le père de Kirill n'est autre que Semyon, et qu'il ne supporte pas de voir son fils unique se mettre dans cet état :
    Meilleure preuve avec ce court extrait, qui montre bien l'attitude du chef du restaurant envers son propre fils, et surtout avec Nikolai, qui malgré sa supériorité reste toujours un simple serviteur :
    Comme il l'avoue à Anna Khitrova, son seul rôle consiste à conduire la voiture familiale, point final :
    Mais bien sûr, ce n'est qu'une apparence... En réalité, il s'agit du plus stable des russes en question, et même s'il ne sait pas encore où vraiment se situer, il est déjà fort impressionné par l'honnêteté d'Anna Khitrova, dont il répare la moto sans le moindre problème : 
    Il ne reste à celle-ci qu'à s'accorder avec les seuls membres de la famille qui lui restent, sa mère (Sinéad Cusack, une irlandaise) et son oncle Stepan (Jerzy Skolimowski, un polonais)... Ce qui ne s'avère pas très facile, car si sa mère est prête à la suivre dans sa volonté de confier le carnet de notes à  Semyon, l'oncle y est très violemment opposé :
    Nous avons donc, à ce stade du film, une vue bien avancée de tous les personnages, lesquels vont des plus droits (Anna Khitrova, sa mère et son oncle) aux plus douteux (Kirill et son père Semyon), sans oublier celui qui ne sait pas encore bien quelle voie choisir, Nikolai... C'est à ce moment précis que l'on découvre comment Kirill tente de le contrôler dans une boîte de prostituées, en lui imposant en quelque sorte un acte obligatoire :
    Nikolai le fait par allégeance à Kirill, mais pas le moindre doute qu'il n'en a guère envie - et qu'il se montre le plus courtois possible avec la jeune fille qu'il a été obligé de choisir :
    C'est à partir de ce moment que la plupart des choses commencent à se passer moins bien que prévu, déjà lorsque Semyon entretient Nikolai du meurtre qu'a commis son fils Kiill, en s'étant auparavant assuré de l'absence de ce dernier :
    Ensuite, quand Nikolai se trouve directement attaqué par Anna Khitrova, qui au tout début n'a pas encore bien traduit le carnet de notes :
    Sans parler du fait le plus important, celui que Semyon, seul titulaire du livre en question, le met aussitôt à brûler... Car en réalité, c'est lui qui a abusé de la toute jeune fille Tatiana, quel que soit le discours moralisateur qu'il prononce vis-à-vis de Londres ;
    Pour une raison ou pour une autre, Anna Khitrova a finalement bien compris que l'auteur du crime était le père en question... Et elle s'empresse à en faire part à ceux qu'elle considère comme les deux fils de Semyon, Nikkolai et Kirill :
    Mais ces deux-là sont encore réticents à accepter la chose... Kirill parce qu'il s'agit vraiment de son père,  et Nikolai s'élevant à un poste plus important dans Vori Z'Kone, le clan russe auquel Semyon appartient, sur la volonté de ce dernier :
    Il doit ainsi se soumettre à l'avis de certaines personnes, qui toutes approuvent, et lui ordonnent de se faire faire un tatouage :
    Ceci n'est certes pas facile, et personne n'a envie d'être à sa place... Mais bien plus que dans la scène suivante, où deux tchétchènes, qui ne connaissent pas Kirill, veulent néanmoins le tuer à cause du meurtre qu'il a commis tout au début, évidemment se trompent, et prennent Nikolai comme cible ;
    Hélas pour eux, ils auraient mieux fait de tomber sur le vrai Kirill... Car là, même si Nikolai se retrouve à l'hôpital pour un bout de temps, il a tout de même fini par les avoir tous les deux :
    Là, la situation de Semyon se dégrade de plus en plus, car il n'a plus guère de moyens de se sauver... Même l'oncle d'Anna Khitrova, censé être tué par Nikolai parce qu'il possédait le seul autre exemplaire du carnet de notes, se trouve en réalité amené par ce dernier dans un hôtel d'Edimbourg, où il peut se sentir en sécurité :
    Nikolai se rapproche donc de plus en plus de l'intégrité d'Anna Khitrova, ce dont nous avons la certitude lors de sa conversation avec le chef de la police :
    Peu de temps après, Semyon est donc arrêté pour de bon... Mais il reste encore une dernière possibilité à son fils Kirill, celle d'enlever et de de jeter à l'eau la fille de Tatiana :
    Ce qu'il ne peut tout simplement pas faire... Finalement, bien après Nikolai, il se révèle lui aussi en quête d'autre chose, l'intégrisme et la droiture, même si cela va lui prendre bien plus de temps :
    Image finale : les adieux de Nikolai et de Anna Khitrova, qui ont l'air romantiques... Mais ne le sont en réalité pas du tout, chacun devant rester à sa place prédéterminée pour être heureux :
    En gros, ce film a donc choisi un thème fort proche de A History of Violence, sorti 4 ans auparavant, mais incroyablement mieux pensé. Là où A History of Violence ne se consacre qu'à une assez simple identité dissimulée, Les promesses de l'ombre traite de très nombreux problèmes, que ceux-ci soient liés à la nationalité, à leur aspect positif ou négatif, à leur passion pour la mort ou pour la vie, à leur capacité à peser les différents poids, ou à se laisser aller.
    Je vous laisse voir le site Le Bleu du Miroir, car je trouve leur analyse très puissante, bien supérieure à ce que l'on trouve habituellement sur Internet... En tous cas, il s'agit certainement d'une œuvre de David Cronenberg deuxième génération (la première s'arrêtant avec eXistenZ, la seconde se mettant en place grâce à Spider), mais qui à mes propres yeux représente le meilleur de toute sa production. Je ne sais pas encore ce que vous en pensez, mais je suis impatient de le découvrir, en lisant comme d'habitude l'un de vos commentaires !

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