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  • jeudi, avril 14, 2022

    NAKED LUNCH (DAVID CRONENBERG)

    Il y a longtemps que je n'étais pas revenu à David Cronenberg, et pour cause : ce film (1991) - nommé en français Le Festin nu - reste particulièrement difficile à comprendre, même s'il est très beau, submergé d'effets spéciaux, et dont le rôle principal, celui de William "Bill" Lee - autrement dit, celui de William S. Burroughs - est interprété par Peter Weller, déjà fort connu grâce à sa prestation dans Robocop de Paul Verhoeven, en 1987 :

    Je préfère vous donner d'emblée un trailer :
    L'autre personne assez célèbre est sa propre femme, Joan Lee (Judy Davis) - qui joue aussi la femme d'un autre individu, mais j'attends un peu pour vous en dire plus :
    Ce qui est très important ici, c'est que ce film a d'abord été conçu comme le propre reflet de William S. Burroughs, qui non seulement a écrit tout un ouvrage du même titre en 1959, mais en outre connait nombre de points communs avec William Lee - c'est à dire Peter Weller -, notamment son usage quasi constant de nombreuses drogues, ainsi que son homosexualité :
    A son tout début, l'œuvre reste assez facile à comprendre, avec William Lee faisant son métier d'exterminateur, et quelques policiers doutant de son intégrité :
    Mais dès qu'il met les doigts sur sa propre machine à écrire, tout change - non seulement avec la révélation sur sa femme, mais aussi avec la puissance des effets spéciaux, qui font de cette machine un être à moitié vivant, s'exprimant clairement sur le sujet :
    Il lui reste juste un mot à dire pour le convaincre, "tuez-la" :
    Sauf qu'hélas, il est brutalement interrompu par William Lee, qui se sert de sa chaussure pour l'exterminer au plus vite :
    Nous passons aussitôt à une brève entrevue avec le Dr Benway (Roy Scheider), qui existe lui aussi dans le roman de William S. Burroughs... En réalité, ce n'est pas du tout un médecin, et il aide surtout les gens déjà dépendants à se droguer encore plus, ce qui lui a permis de fonder la vaste société Interzone Inc. :
    Mais cette conversation ne va guère durer longtemps, et aussitôt William Lee rentré chez lui, il propose à sa femme son habituelle routine, celle de jouer à un tir de Guillaume Tell :
    Sauf que cela va bien se produire, Joan Lee se trouvant tuée d'un seul coup de révolver - tout comme la vraie femme de William S. Burroughs, qui s'appelait également Joan, et fut abattue par son mari ivre en 1951, à la suite du même acte :
    Vous trouvez cela difficile à comprendre ? Croyez-moi, c'est encore loin d'être le cas, et cela commence seulement au début du second acte, avec l'errance solitaire de William Lee, et sa rencontre totalement incongrue avec un Mugwump - ce qui n'a pourtant pas l'air de lui causer le moindre problème :
    C'est normal, il est déjà bien drogué, au point qu'il ne sait même plus où il se trouve, et que le Mugwump lui conseille rapidement de quitter New York, afin de se rendre à l'Interzone, population illusoire de l'Afrique du Nord, où il se trouve que le Dr Benway a fondé sa propre société du même nom :
    Inutile de le préciser, cela rend William Lee particulièrement heureux, d'une part de se rendre sur ce continent qu'il ne connait pas encore (chose qui est également arrivée à William S. Burroughs), et de l'autre, de se mettre à un métier qu'il aime vraiment, celui d'écrivain, ceci grâce à une mystérieuse machine Clark-Nova :
    Peu à peu, il se met à se promener, histoire de mieux découvrir la belle ville de l'Interzone, et il rencontre un homme assez mystérieux, Tom Frost (Ian Holm) - qui d'ailleurs ne lui parle pas vraiment, comme on le remarque avec ses lèvres bougeant en silence, malgré de fidèles traductions en sous-titres :
    Celui-ci est relativement sympathique, et se décide bien vite à échanger avec William Lee sa machine Marinelli contre la Clark Nova que détient ce dernier :
    Néanmoins, cela ne se passe pas du tout comme prévu entre les deux machines, qui en viennent très vite à se disputer et à se heurter sans façon :
    Vient ensuite l'immersion de Joan Frost (la femme de Tom Frost, mais en réalité le double de Joan Lee, déjà morte), pour taper en arabe sur la machine un texte particulièrement érotique... Evidemment en compagnie de William Lee :
    Sauf que là, une certaine Fadela (Monique Mercure) se pointe armée d'un fouet, et elle ne tolère pas du tout ce genre de jeu pervers :
    Elle se livre pourtant, avec Joan Frost, à quelque chose que l'on peut qualifier de lesbien :
    Pendant ce temps-là, Tom Frost et son très fidèle ami se mettent de plus en plus en colère vis-à-vis de William Lee, et ne supportent pas la disparition de la machine :
    Avec, comme résultat, la disparition plus ou moins officielle de ce dernier (n'oublions pas qu'il s'agit en réalité de William S. Burroughs), se retrouvant mal vêtu dans la rue de Interzone :
    Où heureusement ses deux amis (toujours d'après l'histoire vraie, Jack Kerouac et Allen Ginsberg) sont bien là, prêts à tout pour le remettre dans le droit chemin :
    Résultat immédiat : celui-ci se remet à travailler... Et cette fois-ci sur une machine qui est à proprement parler la copie de Mugwump :
    Peut-être serait-il alors dans l'état de se poser les bonnes questions ?
    Bien sûr que le Dr Benway est à la tête de Interzone Inc.... Et c'est là qu'on en arrive à encore bien plus délirant, avec le fait que ce prétendu médecin est en réalité à la tête de la fabrication d'un narcotique extrêmement puissant (Black Meat, viande noire), fabriqué à partir de centipèdes géants :
    D'où s'ensuit cet acte inconscient sur l'un de ses amis :
    Immédiatement suivi par la dévotion de Joan Frost à sa tâche désormais coutumière face à un Mugwump attaché :
    Chose qu'elle ne peut expliquer à William Lee que dans ces termes, qui bien sûr concernent la littérature de ce dernier, "Tout est perdu" :
    Sinon qu'au dernier moment, la bien connue Fadela débarque à nouveau :
    Et qu'en réalité, il ne s'agit pas du tout d'elle, mais bel et bien du Dr Benway, qui en profite du coup pour bien marquer son territoire, sa sexualité, et sa volonté de continuer à diriger l'Interzone Inc. :
    Impressionnant, non ? En tous cas, William Lee décide une nouvelle fois de fuir vers l'Annexie avec sa nouvelle femme, Joan Frost... Un pays qui n'existe pas non plus en réalité, mais fut inventé par William S. Burroughs, et semble un surprenant croisement entre l'Allemagne hitlérienne et la Russie staliniste : 
    Bien que ceci soit assez délicat, William Lee parvient tout de même à passer la frontière... Et dès lors, il s'attaque au dernier plan à Joan Frost, consistant - exactement comme c'était le cas au tout début du film - à tuer cette dernière grâce à une version ratée du numéro Guillaume Tell :
    Si cela vous tente, jugez-en par vous même :
    Impressionnant, non? Il faut bien admettre que cette œuvre, même décrite assez précisément, reste toujours aussi insoluble que l'était le livre de William S. Burroughs, Naked Lunch. On aime ou on n'aime pas, mais ceci ne peut vous laisser totalement insensible à ce film, qui non seulement est très beau, se passant dans des décors incroyables, mais aussi bénéficiant de très bons acteurs, de la musique fort appropriée de Howard Shore allié au saxophoniste Ornette Coleman, et en prime d'un hommage de David Cronenberg lors du générique au grandiose Saul Bass.
    La seule chose que je peux vous proposer, c'est d'en apprendre un peu plus sur les effets spéciaux, moyennant la brève intervention des principaux responsables :
    Oui, je sais, ce n'est pas clair, mais j'en suis bien moins responsable que l'ouvrage de William S. Burroughs en question, soyons francs... En tous cas, si vous souhaitez me dire ce que vous en pensez, il y a toujours de la place dans les commentaires, et cela me fera très plaisir, c'est sûr et certain !

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    2 Comments:

    Anonymous Anonyme said...

    Ce film m'avait beaucoup frappé même si, comme tu le dis, je n'avais pas tout compris. Fait-il parti des films que l'on ne retrouve plus? Je le reverrais bien.

    dimanche, 24 avril, 2022  
    Blogger Vincent said...

    En fait, je pense que c'est exactement la même chose, dans le livre qui a donné naissance à ce film, c'est très difficile à comprendre... Mais je pense que contrairement à M. BUTTERFLY, on le trouve assez facilement - ce qui fait du bien, car c'est malgré tout un film excellent, très beau à voir !

    dimanche, 24 avril, 2022  

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