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  • mercredi, juin 01, 2022

    LOLITA (STANLEY KUBRICK)

    Il est enfin temps que je parle de cet Opus de Stanley Kubrick, tourné en 1962 juste après son film le plus impersonnel Spartacus (1960), et qui marque définitivement l'entrée du réalisateur parmi les grands de ce monde. Regardons bien l'image initiale, qui nous donne déjà l'attirance que ressent cette homme d'une cinquantaine d'années envers une jeune fille de 16 ans - alors qu'elle en avait seulement 12 dans le roman écrit en 1955 par Vladimir Nabokov :

    En fait, c'est la principale raison pour laquelle ce film a été tourné non pas en Amérique, dont on préférait éviter la censure et la ligue puritaine, mais bel et bien en Angleterre, où Stanley Kubrick restera d'ailleurs tout le reste de sa vie. Cela est en outre dû à Peter Sellers, le second grand acteur du film, qui devait d'ailleurs jouer un rôle très important dans Docteur Folamour (1964), et qui dès l'ouverture apparaît comme le grand rival de Humbert Humbert (James Manson), le principal intéressé de cette œuvre :
    Peut-être y a t-il besoin de le préciser, mais nous sommes projetés dès le début du film à sa fin, la mort de Clare Quilty (Peter Sellers) se trouvant abattu par Humbert Humbert sans beaucoup d'avertissements, comme si cela était la marque personnelle du destin :
    Mais ceci ne dure qu'une dizaine de minutes, et nous repartons aussitôt vers le véritable début, le temps où Humbert Humbert, professeur de littérature française, cherche une chambre à louer pour l'été dans le New Hampshire, et se montre pour l'instant grandement hésitant à la proposition de Charlotte Haze (Shelley Winters) :
    Sauf qu'il va instantanément se décider, en vertu de la fille de cette dernière, Dolores Lolita Haze (Sue Lyon), seulement âgée de 16 ans - mais qui lui fait un effet terrifiant, de même du reste que sur la plupart des spectateurs, il faut le noter :
    Il va ainsi rencontrer presque immédiatement le fameux écrivain Clare Quilty, le voir s'exhibant sans grande précaution avec une autre très jeune femme :
    Et se trouver presqu'en même temps ouvertement dragué par la mère de Lolita, Charlotte Haze :
    C'est là où l'on commence à deviner ce qui se trame, entre la vision dominatrice de la mère et celle d'indépendance absolue de sa fille, difficilement compatibles :
    Sans compter que Humbert Humbert sait très bien résumer la question, en se classant d'emblée comme impuissant à lutter, quoi qu'il en soit :
    C'est là où va dès lors apparaître le plan secret de la mère : faire partir tout l'été sa fille dans une sorte de pension très sévère, et surtout sans aucun garçon... Lolita n'a pas l'air du tout prête à cela, mais faute de mieux, elle n'y peut rien dans un premier temps :
    Ceci livre donc aussitôt Humbert Humbert aux puissants désirs de Charlotte Haze :
    Et quel que soit sa vision de la chose et sa volonté d'en rire, il se sent obligé de dire oui à un éventuel remariage - ayant bien sûr derrière la tête l'unique envie de rester non loin de Lolita, dont il regarde d'ailleurs très nettement la photo :
    Malheureusement, l'homme tient aussi en même temps son propre journal, que Charlotte Haze finit par découvrir un jour, et qui évidemment porte toute l'attention à Lolita :
    C'est le moment où, éprise de dégoût, la femme sort sans plus attendre de sa maison... Où hélas, tout le monde est d'accord sur une chose, sa mort renversée par une voiture :
    En fait, Humbert Humbert n'en a rien à cirer, pour tout dire... Mais il accepte de se livrer aux amis très proches de Charlotte Haze, de se montrer profondément touché par cette disparition subite, puis - petit à petit - d'enfin se mettre en route vers la pension de Lolita, où il finit par retrouver le seul homme de la région, Charlie, qui lui livre vite la vérité :
    Aussitôt, donc, Humbert Humbert part avec Lolita, qui est désormais sa prétendue belle-fille, et se révèle pour l'instant totalement dépendante de lui, notamment en ce qui concerne les itinéraires :
    Dans un premier temps, il ne lui dit évidemment pas ce qu'il s'est passé, quel que soit ce que Lolita lui annonce éventuellement :
    Sauf qu'il ne sait pas que Clare Quilty l'a déjà pris en chasse, si l'on peut dire, non pas tel un écrivain, mais en tant que policier - ce qu'il n'est pas, bien sûr :
    Scène plutôt assez drôle, où tous les deux finissent par se rencontrer, Clare Quilty parlant au premier plan d'un tas de choses liées à Lolita, ce qui a l'air de gêner pas mal Humbert Humbert :
    Pour celui-ci, la nuit se termine il faut le dire d'une façon assez terrible, le seul lit pliant trouvé pour lui n'ayant pas tenu bien longtemps :
    Du coup, Humbert Humbert décide de ne pas se retenir davantage, et dévoile enfin la mort de sa mère à la pauvre Lolita :
    Bien sûr, il n'en espère que de bonnes choses - surtout sexuellement parlant, même si le film n'est pas du tout présenté de cette manière... Mais quoi qu'il fasse, il reste malgré tout toujours un père pour elle, et cela ennuie Lolita de plus en plus, face aux différents plaisirs qu'elle se réserve secrètement :
    En fait, pour finir de polluer la vie du soi-disant père, il ne manque plus qu'une nouvelle apparition de Clare Quilty - toujours méconnaissable, cette fois-ci en tant que médecin à l'accent allemand Dr Zemph -, et bien plus sarcastique que la toute première fois :
    Dès lors, Humbert Humbert ne va cesser de tomber davantage, se heurtant de plus en plus avec Lolita, à laquelle il reproche sa pièce de théâtre, ses cours de piano qui n'ont en réalité pas lieu, et suffisamment de choses pour l'emmener définitivement ailleurs, à savoir dans un endroit où il pourra donner tranquillement donner ses cours, l'université de Beardsley :
    Manque de chance, ils sont suivis alors par une voiture très inquiétante - que l'on devine, sans en être sûr, conduite par Clare Quilty -, qui les abandonne fort heureusement au dernier moment... Ce qui laisse provisoirement Lolita dans un hôpital pour cause de froid exagéré, avec toujours la grande confiance de Humbert Humbert :
    Point où il a tort, évidemment... Car la belle Lolita est partie le soir même, sans rendre de compte à personne, ce qui pousse l'écrivain au bout de ses capacités :
    Il faudra attendre quelques années, pour qu'une lettre très claire de Lolita sur son mariage - sous le nom de Mrs Richard T. Schiller -, son attente d'enfant et son besoin d'argent lui parvienne, le laissant totalement décontenancé :
    Seule nouveauté : Lolita lui dit cette fois-ci tout sur son passé avec Clare Quilty, à quel point elle en a été folle... Et même pourquoi rien ne s'est finalement concrétisé, malgré tout ce qu'elle espérait :
    Que va donc lui dire Humbert Humbert, à la suite de cette révélation ? Bien sûr, dans ses yeux, c'est assez évident... Mais ce ne l'est pas du tout pour Lolita, qui préfère après tout rester avec son mari et le père de son futur enfant, plutôt que de se mettre - ou se remettre - avec son beau-père :

    Nous n'en saurons pas plus, exception faite pour finir de cette très courte citation du début du film : un ultime moment passé juste avant le meurtre de Clare Quilty par ce professeur d'université, qui nous montre au bout du compte la pure logique de ce que commettent ces deux êtres désespérés, face à la jeune fille en plein essor...

    Que dire de ce film ? Malgré sa relative indépendance face au roman initial de Vladimir Nabokov, daté de 1955, Stanley Kubrick l'a personnellement autorisé à réécrire tout le scénario. Lorsqu'on demanda en 1964 à Vladimir Nabokov s'il avait été satisfait du produit final, il répondit tout simplement : "J'ai trouvé que le film était de tout premier ordre".

    Il y a toutefois un autre film qui a été tourné bien des années plus tard par Adrian Lyne (en 1977), et qui aurait pu donner grand espoir grâce à ses trois acteurs principaux, Jeremy Irons, Melanie Griffith et Dominique Swain. Adrian Lyne se prétendait plus fidèle au livre initial de Vladimir Nabokov, ce qui était exact, mais le génie qu'il avait pu montrer au sein de Jacob's Ladder (1990) s'est révélé ici très loin du compte, et l'investissement monstrueux de 58 millions de dollars s'est seulement traduit à travers le monde par 10,8 Millions de dollars... Grande différence avec le film de Stanley Kubrick, qui pour seulement 2 millions de dollars en avait récolté 9,2 !

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    4 Comments:

    Anonymous Chah said...

    Oui, très bon film ! Je n'ai jamais lu le roman. Ton article m'a un peu rafraîchi la mémoire. Un truc m'avait marquée: la mort de la mère de Lolita, une mort bête, et l'absence totale d'émotions d'Humbert Humbert!

    jeudi, 16 juin, 2022  
    Anonymous Anonyme said...

    Ça donne envie de regarder! Merci pour l’article! Bises

    jeudi, 16 juin, 2022  
    Anonymous Anonyme said...

    Cha

    jeudi, 16 juin, 2022  
    Blogger Vincent said...

    Bon, et bien je suis content, d'avoir donné envie de regarder, mine de rien ! Sinon, je précise à Chah que moi non plus, je n'avais (et je n'ai toujours) pas lu le roman de Vladimir Nabokov, mais bon, ce n'est pas très grave, étant donné qu'il a beaucoup collaboré au scénario... Qui effectivement fait apparaître Humbert Humbert sous un jour assez négatif, il faut bien le dire !

    vendredi, 17 juin, 2022  

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