Avec Dark City (1998), l'un des meilleurs films dû en 2004 à l'australien Alex Proyas, tout est supposé se passer en 2035, une époque où - si nous y parvenons - l'usage des robots sera plus ou moins courant.
Ce qu'a déjà bien noté l'écrivain américain Isaac Asimov, qui a non seulement écrit presque 500 livres, mais aussi réalisé en grande partie le scénario de I, Robot, ce qui nous revaut ces trois règles fondamentales :
1) Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, laisser un homme exposé au danger 2) Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si ces ordres sont en contradiction avec la première loi 3) Un robot doit protéger son existence, sauf si cet impératif est en contradiction avec le première ou la deuxième loi.
Comme on le sent, c'est assez ambigu... Mais laissons l'officier Del Spooner (Will Smith), déjà réputé pour sa haine des robots, en faire la preuve lui-même, avec une attaque qu'il aurait mieux fait d'éviter :
Alex Proyas a bien présenté Del Spooner, qui devra un certain temps rester sous ces préjugés... Mais très rapidement, il rencontre une autre image bien plus frappante, celle de Alfred Lanning (James Cromwell), le roboticien fondateur de la grande maison USR (USRobotics) :
Cette image a tout de celle d'un homme mort... Mais Del Spooner n'adopte pas du tout l'hypothèse du suicide, qui a pourtant la préférence de tout le monde :
Après avoir rencontré le cofondateur d'USR, Lawrence Robertson (Bruce Greenwood), il a désormais pour associée la doctoresse Susan Calvin (Bridget Moynahan) - qui est également psychologue, mais ne voit pour l'instant pas du tout dans son esprit :
Finalement, Del Spooner soupçonne fortement le robot nommé Sonny (Alan Tudyk), lequel fait à son tour semblant de se suicider - sinon qu'il ne craint rien, en réalité :
Mais ce qu'il réussit à faire est très puissant, puisqu'il parvient à se cacher dans la masse des 1000 robots préparés chaque jour... Ce qui laisse un temps à Del Spooner et à Susan Calvin pour le retrouver :
Un temps qui hélas paraît beaucoup trop long à Del Spooner, lequel va s'empresser de démasquer la position de Sonny, avec succès :
Cela le place en contradiction avec Susan Calvin, mais peu importe pour lui :
Sauf que le robot ne va pas du tout de son côté... Bien au contraire, il est même totalement opposé à ses opinions :
Aussitôt, il décide donc de faire un tour à la maison du roboticien Alfred Lanning, au cas où il trouverait quelque chose d'intéressant... Mais la destruction du bâtiment se trouve - comme par hasard - avancée de 12 heures, ce qui ne lui laisse pas beaucoup de temps pour sortir :
Heureusement, il est toujours en vie... Et cela est pour lui l'occasion d'apprendre que le nouveau robot NS5 est arrivé, et succède sans le moindre problème apparent au NS4 - sa mère est d'ailleurs ravie :
Mais il se retrouve en voiture d'emblée dans une nouvelle attaque de haut niveau, qui ne va pas lui laisser la tâche facile :
Vu les effets spéciaux, c'est particulièrement bien filmé :
Et Del Spooner a presque échappé au prétendu accident de voiture... Sinon qu'il lui en reste encore un à éliminer, mais ce n'est pas trop difficile pour lui :
Pendant ce temps, Susan Calvin observe le cerveau de Sonny, et découvre qu'Alfred Lanning l'avait doté d'un second système plus indépendant, capable de choisir d'obéir ou non aux trois lois.
Del Spooner commence alors à comprendre quelque chose, mais il n'est pour l'instant que sur la route, à laquelle manque encore de nombreuses indications... Notamment celle concernant la silhouette que Sonny vient de dessiner, tout en ignorant encore de qui il s'agit :
Il parcourt les lieux les plus concernés par ce genre de choses, mais il se heurte rapidement à une volonté bien tranchée des nouveaux robots :
Et il s'en va juste à temps, avant que les robots ne prennent délibérément le pouvoir, avec en guise de répression cette lumière rouge qu'ils ont sur le ventre :
En fait, une fois rentré chez lui, Del Spooner découvre avec Susan Calvin la véritable responsable de ce drame, la fameuse VIKI... Qui est d'un côté la plus grande et la plus puissante intelligence artificielle, mais qui de l'autre considère désormais les êtres humains comme des enfants, qu'elle doit protéger contre eux-mêmes :
Mais Sonny court à côté d'elle, et lui donne les principes de son maître, Alfred Lanning - qui lui a ordonné secrètement de le tuer, afin de rendre ceci populaire aux yeux du grand public :
Dès lors, il survient une seconde cascade, bien plus impressionnante, et qui manque de les tuer tous les deux :
Mais Del Spooner parvient enfin à la liquider - de sorte qu'elle prononce sa phrase de plus en plus gravement, jusqu'à ce qu'elle disparaisse finalement :
Puis il s'entretient pour finir avec Sonny, qui lui raconte ce qu'il y a d'essentiel au sujet d'Albert Lanning :
Mais Del Spooner a déjà changé de point de vue, inutile de le dire :
Et Sonny réalise sa prédiction, qu'il ne croyait absolument pas destinée à lui-même :
Que dire d'autre de cet Opus ? Il y a bien sûr plusieurs facteurs dont je n'ai guère parlé, notamment le conte d'Hansel et Gretel, lu et relu par Alfred Lanning, ou encore la mort de la sœur de Del Spooner, très jeune, en voiture et dans l'eau, ce qui explique en partie la haine du policier envers les robots...
Autre chose qui est un peu plus gênant : la citation plusieurs fois de marques fort connues, Audi et Converse - cette dernière pouvant paraître un peu exagérée. Mais le film a bien marché, tout comme le précédent Dark City (1998), et a réussi à rapporter environ trois fois son budget initial, de 120 millions de dollars. Si vous ne le connaissez pas encore, regardez le spoiler :
En tous cas, je trouve ça personnellement très bien, et j'espère que vous serez de mon avis !
Bon, vu le faible succès que j'ai obtenu ces derniers temps en parlant d'un film absolument génial, Barry Lyndon, je peux me permettre de critiquer un Opus un tout petit peu moins important, Dark City, tourné en 1998 par l'australien Alex Proyas... Enfin, quand je dis moins important, tout est relatif, bien sûr... D'une part, parce que ce film a été fortement motivé par Metropolis de Fritz Lang (1927), dont Proyas, auteur du scénario, dit lui-même s'être bien inspiré ; d'autre part, parce qu'une assez grande partie du très célèbre Matrix, sorti juste l'année suivante, sera basé sur les effets spéciaux de Dark City, totalement hallucinants ! Mais laissez-moi tout d'abord vous dire comment le film commence, car ceci est un point très important :
Une (ou deux ?) fois par jour, la montre s'arrête, toutes les horloges stoppent, et le monde entier se retrouve dans une inconscience totale - dont personne ne sait, bien sûr, qu'elle était préparée en toute légitimité :
Une seule personne est au courant des faits, et ce n'est pas un hasard du tout s'il s'agit du seul médecin disponible pour les étrangers, le Dr. Daniel P. Schreber (Kiefer Sutherland) :
Et dès qu'il le peut, il prévient aussitôt le personnage emblématique du film, John Murdoch (joué par l'acteur britannique Rufus Sewell, hélas beaucoup plus connu à la TV) :
Car celui-ci ne sait pas du tout où il en est, et bien qu'il ait un certain mal à le digérer, il commence à se demander s'il n'aurait pas, sait-on jamais, tué cette jeune fille :
On en profite alors pour découvrir sa véritable femme, une chanteuse de jazz, Emma Murdoch (interprétée par la sublime Jennifer Connelly), qui n'a hélas plus de nouvelles de lui depuis au moins trois semaines :
Pendant ce temps-là, John Murdoch cherche tout bêtement à récupérer un portefeuille, que le patron de la boîte lui a enfermé par sécurité au sein d'un distributeur :
Mais devant son incompétence des mains à ouvrir le tiroir, se révèle bientôt un don qu'il ne se connaissait même pas, la capacité de ses yeux à véhiculer toutes ses forces intérieures :
Du coup, il a bien envie de comprendre, et de savoir où il en est... Il approche une prostituée à peine sorti de la boîte en question, mais hélas pour celle-ci (ou tant mieux ?), il préfère ne pas continuer :
C'est là que l'on découvre, enfin, les étrangers... Ces êtres dont on apprend petit à petit qu'ils viennent d'une autre planète, qu'ils se dirigent inexorablement vers la mort, et surtout, qu'ils cherchent à harmoniser tous les humains de façon à mieux s'approprier leur savoir :
Mais du même coup, la conviction de plus en plus forte de John Murdoch sur son innocence se renforce :
On en arrive du coup à la seconde phase, bien marquée, du film : celle où les étrangers - qui ne supportent, c'est assez important de le dire, ni l'eau (d'où la présence, le plus souvent possible, du docteur Schreber dans la piscine), ni la lumière du soleil - font une nouvelle fois s'arrêter le temps d'une façon quasi instantanée :
Seconde phase également importante aux yeux de John Murdoch, qui non seulement constate qu'il est le seul à être encore réveillé à cette heure-ci :
Mais du même coup s'aperçoit avec stupeur que la ville, elle-aussi, se transforme sans arrêt, donnant lieu - il faut bien le dire - à des effets spéciaux toujours aussi incroyables :
C'est l'occasion pour le réalisateur de se livrer à une véritable démarche en ce sens, je ne parle pas seulement de la ville, mais aussi des petites retouches dont est gratifié un couple jusqu'alors très raisonnable :
On voit ainsi ces pauvres gens devenir subitement riches, et du même coup leur table comme leur demeure devenir bien plus grandes qu'à l'accoutumée :
Une spectaculaire modification, dont le docteur Daniel P. Schreber est - qu'il le veuille ou non - le principal artisan :
Plus on avance dans le film, en fait, plus est voyant le rôle du principal concerné, John Murdoch :
Et plus se révèle ambigu le point de vue du docteur Daniel P. Schreber, qui s'avère d'un certain côté très respectueux envers les étrangers, et vu sous un autre angle, très haineux vis à vis de ceux-ci, relativement proche de John Murdoch :
C'est le moment où l'on voit, encore plus précisément qu'au début du film, Shell-Beach, la pseudo-ville qui est censée avoir marquée toute la vie de John Murdoch :
Mais plus il s'en trouve proche, plus il s'en éloigne, en fait, et mine de rien, il commence à se rendre compte de ce dont il s'agit :
Déjà, mine de rien chez son oncle, il se demande pour de bon si cette ville de Shell Beach existe vraiment, malgré les propos convaincants de celui-ci :
Ensuite, face au terrifiant Frank Bumstead, inspecteur de police, il se pose d'essentielles questions :
Auxquelles il va tenter de répondre en se faisant accompagner lors du parcours de la ville par Daniel P. Schreber d'un côté, et Frank Bumstead de l'autre (cet inspecteur, que l'on voit en fait depuis le début, se révèle interprété par l'excellent William Hurt) :
Tout ça pour en arriver à une impasse, qui leur révèle tout à la fois l'inexistence de Shell Beach, et la position très étonnante de la ville, mystérieusement coincée entre différentes étoiles :
C'est alors l'un des moments très important du film qui se dévoile : là où le docteur Daniel P. Schreber était censé se livrer à un implant, qui marche cette fois-ci sur John Murdoch, il le remplace à la dernière minute par tout autre chose :
Où d'ailleurs, très curieusement, il apparaît lui-même soit comme son père, soit comme son professeur, en tous cas comme quelqu'un qui lui livre des paroles importantes :
Ce dont John Murdoch s'inspire tout de suite, en se retrouvant du coup doté d'un pouvoir incroyable face aux étrangers :
Et en se livrant à un combat avec le plus important de celui-ci, lequel dure assez longtemps à l'écran, mais s'avère finalement fort profitable à John Murdoch, lequel finit par renvoyer in extremis au chef des étrangers le couteau qui lui était adressé :
Il ne lui reste que quelques paroles à dire, face au docteur Daniel P. Schreber, et je vous laisse bien sûr deviner lesquelles :
La première concerne, bien sûr, l'eau, laquelle se met d'un seul coup à se répandre dans la ville d'une façon encore jamais vue :
La seconde est vis à vis du soleil, qui en fait existe bel et bien, quel que soit ce que les étrangers aient tenté de faire croire :
L'ultime concernant la fameuse ville de Shell Beach, qui non seulement existe en fait bel et bien, mais en outre se trouve placée sous un soleil luxuriant :
Avec une fort belle femme au bout du pont, ce dont John Murdoch est incapable de se détacher, même s'il ne se souvient pas franchement que c'était - ou non ? - sa femme :
Mais quel importance, finalement ? L'essentiel, c'est de sentir, en son âme, quelque chose de très positif :
Et peu importe que celle-ci n'ait pas le même prénom (au début, c'était Emma), ni le même métier qu'à l'origine - finalement, je l'ai toujours aimée, et je l'aime toujours, moi, John Murdoch :
Savez vous à quel point cette scène est mythique ? Non, je ne crois pas, en fait... Elle a été reprise, deux ans plus tard (2000), à la fin de Requiem for a Dream de Darren Aronofsky, avec la même actrice Jennifer Connelly, et le même lieu de tournage, Brighton Beach (situé à New York), ce qui n'est pas rien ! Ensuite, que vous dire, au sujet de Alex Proyas ? Certes, c'est un réalisateur australien assez proche de Luc Besson, au sens où les gens l'adorent, ou le détestent d'un seul coup...
Ce qui certes peut se comprendre avec ses films assez ratés, notamment Gods of Egypt (2016), mais reste bien plus difficile à admettre face à son tout premier film, The Crow (1994), et surtout vis à vis de son autre Opus très visionnaire, I, Robot(2004), qui reprend, sous un angle un peu différent (et avec un budget quatre fois plus important, soit 120 millions de dollars), les thèmes fondamentaux de Dark City... Voulez-vous être vraiment sympathique ? Je vous en prie, laissez-moi, pour une fois, un commentaire - si ce n'est pas trop demander !