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  • mercredi, février 01, 2023

    GIRL WITH A PEARL EARRING (PETER WEBBER)

    Ou bien, en français, La Jeune Fille à la perle, un émouvant film sorti en 2003 des mains de Peter Webber, un réalisateur britannique qui n'avait rien fait de réellement convaincant autrefois... Mais peut-être suffisait-il d'attendre, car cette œuvre est réellement très convaincante, pour toutes les raisons que je vais vous donner.

    1) Il existe très peu de pièces qui parlent avec autant d'occurrence d'un passé aussi ancien (le XVIIème siècle), en ne sombrant pas dans les habituels défauts - à l'exception, bien sûr, du sublime Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick 2) On ne saurait imaginer, dans le rôle de Griet, une meilleure actrice que Scarlett Johansson, qui non seulement ressemble étrangement à la jeune fille du tableau, mais qu'en outre j'ai toujours vu jouer avec une grande classe, qu'il s'agisse de Lost in Translation, de Match Point ou de Lucy 3) Enfin, pour m'en tenir à mes attributions, je dois constater que la musique de cet Opus - due au français Alexandre Desplat - est tout simplement extraordinaire, et parfois même digne de Gustav Mahler, vous l'entendrez à la fin de cet article.

    Pour ceux qui ne sauraient pas qui est Griet, il s'agit en fait de la bonne au service de Johannes Vermeer (1632-1675), célèbre peintre dans la ville de Delft en Hollande, et qui connut une grande notoriété de son vivant - partant ensuite dans l'oubli, jusqu'à la seconde moitié du XIXème siècle. Tout au début du film, c'est ainsi que l'on voit Griet, complètement désemparée face à tout ce qu'elle a à faire :
    Elle doit déjà bien se lier avec Tanneke (Joanna Scanlan), qui lui donne petit à petit différentes instructions concernant les draps ou la nourriture :
    Hasard ou pas, c'est dans un marché qu'elle se lie ensuite plus ou moins avec un certain Pieter (Cillian Murphy), lorsque celui-ci la remercie d'avoir refusé une viande trop avariée :
    Elle se sent un peu mieux, mais ce n'est pas encore le cas à l'intérieur de la maison, où en la voit relativement complexée face à cette étrange lumière :
    C'est alors qu'on la voit pour la première fois avec la femme de Johannes Vermeer, Catharina (Essie Davis), laquelle daigne enfin lui parler, et désigne  à Griet le propre bureau du maître - où elle n'a hélas plus le droit de se rendre en personne :
    Il importe peu, en fait... Car c'est l'un des points décisifs du film, celui où l'on découvre Griet en train d'observer le moule de corps féminin, s'entrevoir - durant une seconde - dans une glace étrangement ressemblante au tableau pas encore fait, puis enfin de dévorer La Dame au collier de perles (1664), qui représente l'épouse du mécène local portant déjà les perles en question :

    Elle s'aperçoit ensuite qu'existe un matériel qu'elle ignore encore, la fameuse chambre noire - qui permet de mieux décortiquer les couleurs existantes :

    Vient alors le moment où elle doit se rendre chez le mécène en question, Pieter van Ruijven (Tom Wilkinson), pour lui vendre l'une des toiles de Johannes Vermeer :
    Cela pourrait mal se passer, mais le mécène ne fait pour l'instant que des allusions... En montrant au passage à la jeune fille l'une des toiles que Johannes Vermeer a peint pour lui, Le Verre de vin, où il serait soi-disant représenté avec sa femme en train de boire :
    Un grand mystère, n'est-ce pas ?
    Toujours est-il que Johannes Vermeer apparaît enfin d'une façon bien plus concrète, en train de jouer aux dames avec l'une de ses filles - Cornelia (Alakina Mann), malheureusement l'une des plus haineuses de Griet, à laquelle elle réserve plus d'une mauvaise surprise :
    Au milieu de l'Opus, se découvre enfin la fête somptueuse à laquelle Pieter van Ruijven veut absolument assister... Et où les différences envers les servantes et la haute classe sont encore plus visibles que d'habitude :
    C'est le moment pour Griet de profiter, le lendemain à la campagne, de l'autre Pieter - homme qui, d'après ce que l'on sait, l'épousa quelques années plus tard, et devint ainsi le père de deux garçons (ce qui est beaucoup plus raisonnable que les onze enfants dont le couple Vermeer était pourvu !) :
    Tout ce que nous apprenons vient en fait d'un livre du même titre, publié en Angleterre en 1999 par Tracy Chevalier, et qui lui-même est fondé sur la toile en question, La Jeune Fille à la perle - avec très peu d'éléments rajoutés. En tous cas, ce que l'on sait, c'est que Catharina, l'épouse de Johannes Vermeer, finit par devenir de plus en plus jalouse de Griet, étant donné que Johannes réalise un tableau à partir d'elle - alors qu'il a toujours refusé à sa femme de poser :
    Elle sera sur le point de découvrir, puis de lacérer la toile, lorsqu'heureusement Johannes Vermeer la découvre, et finit par l'en empêcher. Une autre personne, que nous découvrons plus longuement à ce moment précis, se révèle également très influente : Maria Thins (Judy Parfitt), la mère de Catharina, qui est non seulement propriétaire de la maison, mais se débrouille en outre très bien pour vendre tous les tableaux de son beau-fils à Pieter van Ruijven, le mécène local :
    Il se passe ensuite un certain nombre de choses plutôt désagréables, tel que la tentative de viol de Griet par ce mécène, ou encore le "faux vol des perles" par cette même servante, qui en réalité ne sait rien de ce qui s'est passé - un coup en fait totalement monté par la petite Cornelia, et qui va se trouver lourdement payé de la volonté de Maria Thins.
    Mais l'essentiel reste dans l'idée que Cornelia a ainsi donné à Johannes Vermeer : enrichir son tableau par le port des deux perles, qui le rendra totalement unique... Au début, Griet refusera, n'ayant jamais porté de boucle d'oreille. Mais étant donné l'insistance du peintre, elle finira par accepter cela de ses propres mains, quel que soit ce qu'il en coûte :
    "Look at me !", c'est le peu qu'il lui dira durant toute cette scène magique, où nous voyons se dérouler le dernier final de cette toile remarquable :
    Tout comme moi, vous serez bien obligé de constater l'étonnante ressemblance entre d'un côté l'actrice :
    Et de l'autre la vraie Griet, peinte en 1665 :
    N'est-ce pas ?

    L'on a évidemment beaucoup parlé de la performance de Scarlett Johansson, mais il ne faut pas en dire moins de celle de Colin Firth, l'interprète de Johannes Vermeer, et de la réalisation de Peter Webber, remarquable dans son dosage des formes et des couleurs, qui nous replace fort bien dans Delft à cette époque.

    Ultime chose dont je vous ai fait part dès le début, c'est de la perfection de la musique associée - écrite par Alexandre Desplat -, et qui tout en n'étant pas baroque, va entièrement avec les images concernées, comme vous pourrez vous en rendre compte ici :

    Je ne sais pas si vous aimerez ce film autant que moi, mais je l'ai trouvé absolument parfait : il se replace très fidèlement dans la ville de Delft au XVIIème siècle, évoque juste en douceur la personnalité des différents protagonistes, retrace éloquemment les difficultés de la peinture en cette époque, et vous donne à aimer - si vous ne le connaissez pas encore - Johannes Vermeer. Meilleure preuve avec le suivant trailer - qui ne dure que deux minutes, et en plus est sous-titré :

    En tous cas, j'espère qu'il vous plaira autant qu'au différents jurys du monde entier, qui lui ont donné une bonne dizaine de récompenses - dont la plupart qualifient avec éloquence Peter Webber ou Eduardo Serra, le responsable de la photographie !
    Autres biopics (avec entre parenthèses la date du film, et le nom de la personne traitée) : Patton (1970, George Patton), Barry Lyndon (1975, Barry Lyndon), Raging Bull (1980, Jake LaMotta), Elephant Man (1980, John Merrick), Bird (1988, Charlie Parker), Ed Wood (1994, Ed Wood), Braveheart (1995, William Wallace), A Straight Story (1999, Alvin Straight), The Insider (1999, Jeffrey Wigand), Ali (2002, Cassius Clay), Frida (2002, Frida Kahlo), Marie-Antoinette (2006, Marie-Antoinette), The Last King of Scotland (2006, Idi Amin Dada), La Môme (2007, Edith Piaf), Into the Wild (2007, Christopher McCandless), Silence (2017, jésuites portugais)

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    jeudi, avril 16, 2020

    BARRY LYNDON (STANLEY KUBRICK)

    Oui, j'avais bien prévu de  parler un jour ou l'autre de ce film, daté de 1975, et qui comme presque tous les Opus de Stanley Kubrick reste absolument unique, d'une nouvelle forme, et expérimental sous un tas d'aspects, dont le premier reste bien sûr la lumière :
    Tourné bien après 2001, A Space Odyssey (1968), et 5 ans avant le fascinant Shining, Barry Lyndon nous raconte l'histoire emprunté au XVIIIème siècle à William Makepeace Thackeray, parfois d'une manière détournée par un narrateur extérieur, et qui se résume à la vision de sa vie sous ses deux phases principales... Ce que je vais bien sûr conserver ici, en plaçant son existence sous cette double filiation, dont vous connaissez très certainement le point final !
    1) "Comment Redmond Barry a acquis la manière et le titre de Barry Lyndon", tel est le point de départ de cette intrigue, qui cite la façon dont le personnage principal va finalement parvenir au but souhaité, malgré pas mal de conflits potentiels... Cela commence évidemment avec le personnage principal, Redmond Barry (joué par Ryan O'Neil), qui en jeune irlandais qu'il est, tombe amoureux sans plus tarder de sa cousine Nora Brady (Gay Hamilton) :
    Elle était au début plutôt contente de la chose, mais va très vite changer de point de vue à l'occasion de la drague du capitaine John Quinn (Leonard Rossiter), qui non seulement est anglais, mais en outre plutôt riche... Ceci va donner lieu à une immense jalousie de la part de Redmond Barry, qui provoquera John Quinn en duel (on remarque d'ailleurs l'un des premiers emplois de l'ancienne peinture anglaise par Stanley Kubrick) :
    Croyant l'avoir tué, mais ne pouvant rester inutilement à Dublin, Redmond Barry se voit à son tour obligé par les frères de Nora de partir, ce que contraint et forcé il finit par faire - convaincu du meurtre de John Quinn :
    C'est en fait le véritable démarrage du film, lorsque Redmond Barry se retrouve privé de tous ceux dont il a l'habitude, sa cousine Nora, sa mère fidèle Belle, se perd un petit peu dans l'Irlande, et finit par tomber face au très guerrier capitaine Feeny (Arthur O'Sullivan), ce à quoi il ne s'attendait absolument pas :
    Le capitaine Feeny et son fils lui prennent tout, qu'il s'agisse du cheval, de son équipement, ou de son argent... Il va ainsi continuer à pied, ayant la grande chance de profiter encore de ses bottes, qui normalement sont volées avec le reste :
    Résultat : n'ayant rien sur lui, il va se résoudre à s'engager dans l'armée britannique comme simple soldat :
    Ce qui lui semble, inutile de la dire, tout à fait exagéré, vu ce que mangent les soldats et comment ils dorment :
    Fort heureusement, il va se trouver rejoint par un ami de sa famille, le capitaine Grogan (Godfrey Quigley), qui l'informe que non seulement il n'a pas tué John Quinn, comme il le croyait, mais que celui-ci s'est bien marié avec sa cousine Nora :
    Le capitaine Grogan a reçu de la famille de Nora une assez grosse somme, en échange de son silence... Mais il refuse finalement de s'en tenir là, et sur le point de mourir sous le bombardement des français, dit finalement tout à Redmond Barry, et lui lègue tout ce qu'il lui reste comme argent :
    C'était le seule occasion qu'il attendait pour déserter, et même, allant cette fois-ci plus loin, à s'emparer du cheval, de l'uniforme et des papiers d'identité d'un couple d'officiers homosexuels en train de se baigner...
    Bien lui en prit, car il se retrouva pour une fois en présence d'une fort jolie jeune fille allemande, qui l'invita à manger, lui parla de son mari parti à la guerre, et finalement l'hébergea pour de long mois (à noter que c'est l'un des premiers usages de la lumière pure, dont je vous reparlerai plus tard) :
    A la suite de tout cela, il décide de se rendre en Hollande, le seul pays à être en paix durant cette guerre de sept ans, et se trouve assez vite intercepté par le capitaine Potzdorf (Hardy Krüger), qui malgré son uniforme et ses papiers volés, finit assez vite par le faire arrêter comme il se doit... Résultat, Redmond se trouve obligé d'intégrer cette fois l'armée prussienne, encore bien pire à ses yeux que la précédente britannique :
    Par une sorte de miracle, le capitaine Potzdorf se trouve néanmoins sauvé in extremis par Redmond Barry au cours de la bataille de Warburg... De sorte qu'une fois la guerre terminée en 1763, Potzdorf le présente personnellement à son oncle, ministre de la police :
    Celui-ci lui confie alors une mission qui peut paraitre un peu délicate, surveiller en entrant à son service le chevalier de Balibari (Patrick Magee), que les autorités soupçonne non seulement d'être un libertin et un grand joueur, mais surtout d'être un espion irlandais...
    Hélas, c'est sans savoir que Redmond Barry est lui aussi irlandais, avec pour résultat une confiance innée entre tous les deux, et très vite, des propos au ministre de la police qui, sous une apparence convenable, sont en réalité très peu intéressants :
    Très vite, il se lie avec le chevalier de Balibari, dont il apprend les différents trucages aux cartes et la façon de les faire passer discrètement, et ils deviennent un couple assez difficile à battre...
    Peut-être est-ce le moment du film où l'on voit le mieux cet éclairage absolument impeccable, qui est utilisé comme seule source de lumière pour tout le film - ce qui était aux limites de l'impossible en 1975 ! Mais Kubrick, c'est Kubrick (comme chacun sait), et après avoir lu une longue documentation à ce sujet, il utilisera un objectif Zeiss de 50 mm et d'ouverture f/0,7, initialement conçu pour la NASA :
    Pour tout dire, ces moments passés autour de la table de jeu s'avèrent absolument fascinants, et si l'on ignorait les trucages dont l'un et l'autre se servent sans scrupule, l'on n'hésiterait pas à y participer :
    Mais ils commencent un petit peu trop à devenir vaguement connus... Et c'est à priori la bonne occasion pour le ministère de la police d''expulser Balibari de Prusse, ne sachant pas que sur ce coup-là, les deux vont volontairement s'embarquer ensemble, Redmond Barry en profitant pour partir avec lui sans papiers ni passeport :
    C'est le moment où il se rend compte qu'il est du même coup lié à une errance perpétuelle avec Balibari, toujours pauvre, malgré des apparences grandioses, et dès lors, il se sépare de ce dernier, et se lance à la recherche d'une femme possédant titre et fortune, afin de l'épouser au plus vite...
    Il tombe rapidement sur la très belle comtesse de Lyndon (Marisa Berenson), une britannique très riche, qui en outre se trouve à l'occasion à ses tables de jeu :
    Voici le passage le plus sublime du film, lié à trois phénomènes : 1) L'absence totale de parole 2) Son éclairage merveilleux, qui va du bleu extérieur à l'orange intérieur avec une délicatesse extrême 3) La propre beauté de la comtesse de Lyndon, alliée à celle de Redmond Barry - autrement dit, Marisa Berenson et Ryan O'Neil :
    Et bien sûr, j'ai volontairement oublié le quatrième élément, l'andante du célèbre trio de Schubert (violon, violoncelle et piano), non seulement parce qu'on n'entend que lui, mais surtout parce que son propre thème est à l'image de la vie de Redmond Barry, comme l'a fort bien démontré Stanley Kubrick... Ecoutez-le, je vous en supplie, c'est un passage absolument merveilleux, qui dure seulement 4 minutes, et où vous découvrirez à la fois cette musique impeccable et sa façon de la filmer, hallucinante :
    Son précédent mari, le très honorable Sir Charles Reginald Lyndon (Frank Middlemass), finit par mourir d'une crise d'asthme, bien qu'ayant de très forts soupçons sur l'intention réelle de Redmond Barry... Et celui-ci va finir par la réaliser à peine un an plus tard, en épousant aux yeux de tous la comtesse de Lyndon, à qui il va assez vite donner un enfant : 
    2) "Relation des malheurs et désastres qui menèrent Barry Lyndon à sa chute", nous en sommes donc à la seconde phase du film, et comme l'a fait Stanley Kubrick dans la toute première, il n'y a pour ainsi dire aucun suspense digne de ce nom, alors que la réalisation en est tout simplement impeccable... Présentons d'abord la toute récente famille, tout d'abord avec sa nouvelle femme, la comtesse Lyndon (Marisa Berenson), et son "vrai" fils, Bryan Patrick Lyndon (David Morley) :
    Ensuite, beaucoup plus gênant, le beau-fils lord Bullingdon (Dominic Savage), c'est à dire le fils de Sir Charles Lyndon, qui est ici à gauche de la comtesse :
    Bien que cette cohabitation semble un petit peu pénible, Barry Lyndon - autrefois Redmond Barry - se débrouille comme il peut, organisant de temps en temps des fêtes somptueuses, où tous les amis sont bien sûr invités :
    De même pour sa propre mère, Belle Barry (Marie Kean), qui est venu habiter avec eux il y a déjà quelques années, et se rend compte que Barry Lyndon serait dans une réelle fragilité de sa position sociale, si jamais sa nouvelle comtesse de Lyndon venait à mourir, laissant ainsi tout son argent à celui qui est tout sauf son fils, lord Bullingdon :
    Ainsi Barry Lyndon cherche-t-il à se rendre de plus en plus convaincant vis à vis de ses prétendus amis, et malgré tout l'argent que cela lui coûte, il semble prêt à n'importe quoi pour acquérir un titre nobiliaire - même à se réconcilier avec la fragile comtesse de Lyndon, qu'il a délaissé depuis plusieurs années au profit de différentes maîtresses, et en dépensant sans compter :
    Malheureusement, tous ses efforts semblent sans effet, sauf sa dégradation, de pire en pire, aux yeux du vrai fils de cette maison, lord Bullingdon... Le jour de l'anniversaire de sa mère, la comtesse de Lyndon, on pourrait croire à une nuit magique, avec la comtesse au clavecin et son vrai fils Bryan Patrick au violoncelle, mais cela dégénère très vite à la suite de l'entrée de lord Bullingdon, tellement catastrophique que cela lui vaut des violences en public de Barry Lyndon :
    Résultat immédiat : lord Bullingdon quitte définitivement le château, et la course de Barry Lyndon après son titre, ou à la reconquête de ses anciens amis, s'avère totalement inutile... Et comme l'on a jamais la main sur quoi que ce soit, Barry Lyndon, très bienveillant envers son vrai fils Brian Patrick, lui offre pour son anniversaire de neuf ans un cheval très imposant, qui va hélas se lancer pour de bon, le condamnant pour ainsi dire à une mort certaine, après quelques jours dans un lit :
    Ayant vu son grand fils partir à l'étranger, et le plus jeune décéder, autant dire qu'il n'y a plus grand chose qui tienne encore la comtesse de Lyndon en vie, qui va d'ailleurs tenter de suicider - heureusement, sans en atteindre le but :
    Quant à Barry Lyndon, fou de douleur et se sentant vivement responsable de tout ce qui vient d'arriver, il sombre de plus en plus dans l'alcoolisme - ce qui a valu encore une fois à Stanley Kubrick de réaliser ce plan sublime, qui est directement inspiré d'une toile anglaise de William Hogarth (1697-1764) :
    Plus rien n'empêche donc lord Bullingdon (cette fois, interprété par Leon Vitali) de se résoudre à ce qu'il a envie de faire depuis très longtemps, défier Barry Lyndon à un duel - ce que celui-ci ne pourra s'empêcher d'accepter, d'autant que ceci nous rapproche du tout début du film :
    Dans la grange mythique où le duel a lieu, Bullingdon gagne par tirage au sort le droit de tirer en premier ! Mais hélas, son arme se déclenche très mal, et cela laisse le tour à Barry Lyndon, qui par  pure honnêteté, tire par terre, dans l'espoir que tout cela pourra se finir à peu près bien... Mais c'est hélas sans compter avec le caractère de lord Bullingdon, qui s'accorde le second tir avec succès, blessant irrémédiablement Barry Lyndon à la jambe, qui devra être amputée :
    Durant toute cette convalescence, lord Bullingdon prend le contrôle total des affaires de la comtesse, et il finit par proposer à Barry Lyndon son seul arrangement possible : lui verser à vie 500 guinées par an, à condition que celui-ci quitte définitivement l'Angleterre, et mette fin au mariage avec la comtesse de Lyndon...
    En deuil de tous les côtés, Barry Lyndon ne peut qu'accepter, basant sa vie restante en Irlande avec sa mère, puis sur de petites tournées en Europe, où hélas il ne pourra jamais connaître la fulgurante carrière qu'il a parcouru avec Balibari... Et je vous laisse découvrir la scène finale, en 1789, où la comtesse de Lyndon signe d'un air nostalgique le chèque de celui qui se nomme à nouveau Redmond Barry - et ceci se fait de nouveau sans le moindre dialogue, toujours accompagné par le trio de Schubert, cette fois-ci joué légèrement moins vite, et allant tout droit sur sa conclusion sinistre :
    3) "Ce fut sous le règne du roi Georges III que ces personnages vécurent et se querellèrent ; bons ou mauvais, beaux ou laids, riches ou pauvres, ils sont tous égaux maintenant" : telle est l'ultime phrase que Stanley Kubrick se permet de livrer, mettant ainsi fin à ce film plutôt long de 2h57', mais absolument filmé d'un bout à l'autre d'une façon remarquable, avec une lumière, une musique, et des acteurs impeccables...
    Le film a été assez mal compris lors de sa sortie en 1975, principalement dans les pays anglo-saxons, mais il a été très bien reçu en Allemagne, en Espagne, en France et en Italie, ce qui explique qu'il put remporter, après différents Oscars, la BAFTA en 1976, dû au meilleur photographe et au meilleur réalisateur :
    Je m'arrête là, car je pourrais encore en parler des heures, et ceci est bien moins bon que de voir réellement le film...
    Autres biopics (avec entre parenthèses la date du film, et le nom de la personne traitée) : Patton (1970, George Patton), Raging Bull (1980, Jake LaMotta), Elephant Man (1980, John Merrick), Bird (1988, Charlie Parker), Ed Wood (1994, Ed Wood), Braveheart (1995, William Wallace), A Straight Story (1999, Alvin Straight), The Insider (1999, Jeffrey Wigand), Ali (2002, Cassius Clay), Frida (2002, Frida Kahlo), Girl with a Pearl Earring (2003, Johannes Vermeer), Marie-Antoinette (2006, Marie-Antoinette), The Last King of Scotland (2006, Idi Amin Dada), La Môme (2007, Edith Piaf), Into the Wild (2007, Christopher McCandless), Silence (2017, jésuites portugais)

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