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  • jeudi, juin 06, 2019

    VIDEODROME (DAVID CRONENBERG)

    Et oui, je le regarde en ce moment précis - même si ce film date déjà de 1983 !
    Devant l'inexistence à peu près totale des commentaires, après tout, je fais ce que je veux… Et ce film n'a pas perdu un iota depuis sa première édition, où se concentrent d'un seul coup tout les éléments essentiels à l'œuvre de David Cronenberg ! Malgré sa couverture DVD digne des pires séries B :
    Mais j'ai quand même le trailer :
    Ce sixième long métrage de David Cronenberg, est en réalité un pur chef-d’œuvre, au sens où s’y trouvent déjà présents pratiquement tous ses thèmes de prédilection, qu’il s’agisse de dédoublement (Scanners, Faux Semblants, Mr ButterflyA History of Violence), de réalité virtuelle (eXistenZ), ou bien sûr de son obsession favorite : la transformation du corps humain à cause de la technologie (La Mouche, eXistenzCrash, et même Le Festin Nu, d’une certaine façon).
    On y voit à nouveau son horreur des transitions inutiles vides de sens, qui trouve sa parfaite contrepartie dans le surinvestissement de la plupart des plans, à commencer par le seul générique :
    Difficile de parler de cet Opus sans faire un gros spoiler, mais je vais tout de même essayer… Tout au moins en en décrivant ses deux scènes réellement fondatrices, à partir desquelles tout le reste se développe.
    La première, celle où Max Renn, directeur de Civic TV, une chaîne de télévision marginale essentiellement axée sur le porno (fantastique James Woods, de même que dans Cop), découvre grâce à son ami pirate une terrible émission de Snuff Movies (N.B : films SM non simulés, où les victimes ne sont pas censées être consentantes), qui ne va pas tarder à l’obnubiler complètement :
    La seconde, où ce même Max Renn, lors d’un banal plateau TV, va se trouver confronté à deux des protagonistes les plus importants du film, le célèbre professeur et théoricien des médias, Brian O’Blivion (à noter, pour les latinistes, que ce nom n’a bien sûr pas été choisi au hasard, le verbe Obliviscor signifiant "oublier") :
    Et la très belle et très sulfureuse Nicki Brand (Deborah Harry, la chanteuse du groupe Blondie, pour ceux qui se souviennent encore de cette époque) :
    Si possible encore plus fascinée par le SM que lui, au point que leur première soirée au lit sera pimentée d’un certain nombre de choses qui, certes, n’amuseront pas forcément tout le monde :
    Bref ! À partir de ce moment (où Max Renn va finalement découvrir que la fameuse émission de Snuff Movies ne provenait pas de Malaisie, mais tout bêtement de Pittsburgh), il va en fin de compte décider de faire sa propre enquête, pour découvrir ce très étrange endroit, une sorte de resto du cœur pour STF ("Sans Télévision Fixe"), supervisé – comme par hasard – par la propre fille du professeur O’Blivion elle-même :
    Là, c’est très exactement le moment précis où le spectateur lambda, qui jusqu’alors n’avait encore trop rien remarqué d’anormal dans la logique et la crédibilité du scénario, commence à se dire : "Mais putain, c’est quoi ce film, avec des VHS qui semblent avoir une sorte de vie autonome ?" :
    Des interrogations certes prémonitoires (en 1983, imaginez !)... Même si le film reste très inspiré par les théories de McLuhan, alors très en vogue à l’époque :
    Et surtout des télévisions qui vivent, qui parlent, et séduisent en même temps :
    Même 25 ans après, cette scène reste toujours cultissime… Incidemment, une influence dont j’ai très rarement entendu parler au sujet de Cronenberg, c’est celle de Salvador Dali, notamment concernant ces bizarres VHS molles et respirantes.
    Mais bon. Revenons-en au film, qui commence à devenir de plus en plus barré, au moment où Max Renn réalise que le professeur O’Blivion, qu’il croyait réel, ne consiste en réalité qu’en des milliers de VHS sauvegardées par sa fille – et pose donc la question cruciale, de plus en plus vraie aujourd’hui, surtout avec Internet : qu’est-ce qui est réel, et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Voire mieux : à quel genre de choses sommes-nous prêts à accorder le qualificatif de réel ?
    Très difficile de poursuivre sans faire un énorme spoiler. Je me bornerai donc à citer certaines des scènes les plus célèbres du film, à commencer par celle-ci, qui est bien sûr une préfiguration du pistolet en os qui tire des dents humaines que l’on découvrira avec stupeur dans eXistenZ (les deux seuls films, d’ailleurs, dont Cronenberg ait écrit intégralement le scénario, ce qui en explique sans doute les nombreux points communs) :
    La télévision de plus en plus vivante, ainsi que les VHS molles et organiques de plus en plus inquiétantes :
    Et bien sûr, quelques scènes gore absolument monstrueuses, sans lesquelles un film de Cronenberg ne serait pas vraiment un film de Cronenberg, n’est-ce pas ?
    Quoi qu’il en soit, le film se termine sans surprise exactement de la même façon qu’eXistenZ, avec comme toujours le dilemme entre la chair réelle, et celle qu’on suppose irréelle, mais qui peut parfois sembler plus réelle que la vraie :
    Voilà… J’arrive enfin au bout de cet article, que malgré tout j’estime tout de même un peu léger, tellement il y aurait de choses à dire au sujet de ce film !
    Juste deux faits, en guise de conclusion… Vu sa date de sortie (1983), date à laquelle la moitié au moins des foyers n’avaient pas de télévision, il est proprement incroyable de voir à quel point ce film s'avérait prémonitoire, sinon visionnaire, surtout maintenant que nous connaissons tous des mômes pour qui la télécommande semble désormais faire partie intégrante de leur main, à l’instar du pistolet de Max Renn. Sans même parler de cette phrase du professeur O’Blivion, à une époque où Internet n’existait même pas en tant que concept, et où bien sûr, personne n'aurait pu prévoir cette habitude désormais courante, d'avoir souvent plusieurs "pseudos" différents, dont aucun ne correspond à son véritable nom :

    Et pour finir pour de bon : s’il y a une chose que David Cronenberg n’a pas (ou du moins assez peu, nul n’est parfait, n’est-ce pas ?), c’est le sens de l’humour. Mais j’ai beaucoup aimé ce joli petit passage (qui du reste m’a fait bêtement repenser à une phrase de Jacques Villeret dans Le Dîner de Cons : "Pour la grande lucarne, hein, pas pour la petite fenêtre !") :
    C’est de l’humour à la Cronenberg, certes : c'est-à-dire que malgré tout, c’est surinvesti au niveau du sens (et l’autre David, Lynch, veux-je dire, est en gros capable de la même chose, notamment lors de la scène totalement déjantée de Mulholland Drive, où le réalisateur inonde tous les bijoux de sa femme d’un énorme pot de peinture rose) !
    En tout cas, achetez ou louez ce film de toute urgence... 
    Pour en savoir plus, je ne saurais que trop vous recommander le livre de Serge Grünberg (Éditions des Cahiers du Cinéma), dont j'ai déjà parlé maintes fois en ces pages...

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    dimanche, mars 01, 2015

    PSYCHOSE (ALFRED HITCHCOCK)

    Bon. Je pars du point de vue que ce film, qui bien qu'en 4/3 et en noir et blanc, soit une bonne année après North by Northwest et deux années à la suite de Vertigo (soit en 1960), reste bien connu du grand public, et peut-être toujours totalement respecté comme film d'horreur diablement efficace. C'est bien sûr une façon de rendre hommage à Alfred Hitchcock, mais avant même de parler de lui, rendez-vous avec le générique encore signé Saul Bass, très différent de celui de Vertigo, mais toujours aussi efficace :
    Attention, ceci reste malheureusement assez illisible (du moins, lorsque l'on se trouve hors d'un DVD), mais cette dernière mention est celle de Bernard Herrmann, dont je reparlerai d'ici peu. Mais voyons tout d'abord le trailer :
    Je me consacre donc aux trois crimes commis par le très connu Anthony Perkins, surtout devenu célèbre grâce à ce film, et qui joue là un rôle assez complexe de tueur gentil, impossible à reconnaître si l'on n'a pas les informations nécessaires. Commençons donc avec le tout premier meurtre :
    
    Fabuleux, non ?
    Puis poursuivons avec le second, qui se révèle être le meurtre d'un détective privé, mais semble extrêmement efficace vu du sommet de l'escalier, accompagné à cette occasion par la musique géniale de Bernard Herrmann, qui rappelle très fortement celle de Alban Berg, pour les vrais amateurs du genre :
    Et terminons enfin avec le dernier, qui n'en est peut-être pas un, puisque Anthony Perkins se trouve arrêté, tout juste déguisé en femme, mais qui n'en reste pas moins le plus efficace des trois, surtout dans la sorte de cave où il croit avoir lieu :
    Une fois pris, Anthony Perkins disparaît un bon bout de temps, histoire de laisser son psychiatre Richmond (Simon Oakland) nous parler un petit peu de lui :
    Mais c'est juste un prétexte de mieux se sortir de la fin de cette histoire, où nous verrons pour la dernière fois Anthony Perkins en train de se faire passer pour sa propre mère, d'abord sous un simple plan intellectuel, mais finalement en pure contamination physique, ce dont Alfred Hitchcock s'est très bien occupé, en tant qu'ultime image de ce film :
    
    
    Peut-être m'accuserez vous de faire un spoiler, mais c'est oublier à quel point je vous ai parlé de la chose, non ? En tout cas, je vais consacrer la seconde moitié de cet article à tout ce qu'Alfred Hitchcock nous a apporté de nouveau en 1960, et qui si mes souvenirs sont bons, reste toujours extrêmement surprenant, à commencer par ce plan sous le menton d'Anthony Perkins :
    Ou encore par ces images vues lors du premier meurtre, qui restent admirablement précises dans toutes leurs petites options - là, croyez-moi, tout juste si l'on se demande si Alfred Hitchcock ne serait pas vaguement meurtrier sur les bords, tant qu'à faire :
    
    Mais il reste encore beaucoup de choses vues dès le début de film, qu'il s'agisse du changement étonnant de voiture voulu par Marion Crane (Janet Leigh) :
    De son unique rencontre avec un policier, qui fait bien flipper :
    Ou encore de cette sublime vision sur l'argent qu'elle n'est pas encore sûre de voler, mais rien qu'à voir ce plan, on a déjà une sorte d'envie très forte :
    Comment conclure cet article ? Et bien tout simplement, en hommage à Alfred Hitchcock, par les très nombreuses visions sur l'appartement de la mère, qui vont du noir le plus ténébreux au blanc le plus visible, ceci au fur et à mesure du développement du film :
    Génial, non ? Est-ce étonnant, après cela, que le film ait été très bien classifié en 1961, gagnant quatre Oscars et un Golden Globe Award ? Non, absolument pas, je trouve... Et si ce film reste toujours aussi scotchant plus de soixante ans après sa sortie, je pense qu'il y a de vraies bonnes raisons !
    Autres films du même réalisateur : VertigoNorth by NorthwestThe Birds

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