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  • mardi, août 01, 2023

    CHINA GIRL (ABEL FERRARA)

    Sorti en 1987 - soit trois ans après Fear City -, il s'agit du premier véritable film de Abel Ferrara, tout à la fois engagé et new-yorkais, qui à lui seul dévoile la future route de l'artiste, célèbre notamment grâce à King of New York (1990) et à Bad Lieutenant (1992), tous deux remarquables.

    Evidemment, il est tentant de rapprocher cet Opus de Roméo and Juliette de William Shakespeare ou de West Side Story de Leonard Bernstein, mais il n'en va pas tout à fait ainsi ; il est bien plus violent que ces deux originaux, mettant en situation deux concepts opposés : d'une part, la loi de la famille et du clan, visant l'harmonie quoi qu'il arrive, et d'autre part, celle des enfants souvent colériques ou irraisonnés, ceci quelle que soit leur origine.

    Nous en avons la preuve dès le début en voyant l'italien Tony (Richard Panebianco) entrer dans cette boîte de nuit typique des années 80, suivi peu de temps après par la belle chinoise Tye (Sari Chang) :

    Et il se passe très peu de temps, avant que Tony et Tye ne se voient mutuellement attirés l'un par l'autre :
    Ibidem dans la réaction de Tsu Shin (Joey Chin), de la communauté de la jeune fille, qui ne voit pas du tout ceci de façon honorable :
    On le sent immédiatement grâce à cette poursuite nocturne, remarquablement filmée par Abel Ferrara, qui se sert des teintes propres à New York afin de créer son propre univers :
    Aussitôt, il nous livre un autre point de vue, celui de Yung Gan (Russell Wong), le frère de Tye... Et lui-même, plus vraiment enfant mais pas encore adulte, ne sait trop quoi penser sur le sujet :
    Alors que Tsu Shin, quand à lui perpétuel adolescent, s'adresse au chef du restaurant de façon absolument pas ambigüe - même si ce dernier le refuse dans un premier temps :
    Et la position des paternels est très forte à ce sujet... Faire en sorte que les italiens et les chinois se respectent mutuellement, quels que soient leurs quartiers de la ville, c'est la seule chose qui intéresse Gung Tu (James Hong) :
    Pendant ce temps, Tony cherche à se rapprocher davantage de Tye :
    Qui bien sûr habite chez son frère Yung Gan, mais ne partage pas du tout son point de vue... Comme elle n'hésite pas à le dire si franchement, "Il y a un monde au-delà de Chinatown" :
    On en a aussi un exemple dans le clan italien, avec la nette opposition entre le fort décidé Alby (James Russo) et le bien plus raisonnable adulte qui marche un temps avec lui, désespérant de voir les chinois bien s'entendre avec eux :
    Même Tye et Tony ne savent plus quoi faire, face à la situation :
    Nous sommes environ à la moitié du film, et voici ce qui d'un seul coup se produit dans l'un des restaurants chinois :
    Mais l'on parvient assez vite à retrouver le coupable - chinois, mais oui ! -, et à lui faire subir la seule chose qu'il mérite : 
    Tye et Tony se révèlent d'un certain côté de plus en plus peureux, mais de l'autre se livrent bien volontiers à l'acte qui s'impose de lui-même !
    Si vous souhaitez voir tout cela, y compris la fin tragique, n'hésitez pas :
    Curieusement, Tony est l'un des rares enfants du quartier à voir les choses objectivement, en révélant à Alby ce qui le choque le plus, l'opposition volontaire entre les deux groupes... Ce qui est immédiatement évoqué sur le même ton par les adultes chinois, qui ne voient pas du tout d'un bon œil cette lutte inutile envers les italiens :
    Meilleure preuve avec la mort du cousin de Tsu Shin, qui s'est trouvé abattu par on ne sait qui :
    Sauf qu'en étant lié à son cousin, Tsu Shin ne peut absolument pas laisser passer cela, même s'il tue les mauvaises personnes... Fort heureusement, et sans le vouloir, les policiers sauvent provisoirement Tony et Tye de leur destinée :
    Mais la machine est lancée, et ne s'arrête pas avant d'avoir assassiné Alby... L'on ne sait pas qui l'a tué - peut-être un chinois ? -, mais l'on se réunit en grand nombre afin d'enterrer dans la plus grande noblesse l'italien digne de ce nom :
    Désormais, presque tout le monde se trouve coincé dans un clan ou dans l'autre... Et si Tye écoute avec une grande pudeur son frère parler de son retour à Hong-Kong, elle n'en dit pas moins la vérité concernant Tony, et sa volonté pour lui de rester à New York, quoi qu'il arrive :
    Cherchant une ultime fois à les démobiliser, Yung Gan livre alors les résultats de sa pensée :
    Mais là encore, peu importe : sous une balle non identifiée - même si on l'attribue naturellement à Tsu Shin -, les deux amants sont abattus froidement, laissant la ville dans sa détresse la plus totale :

    C'est sur cette image que s'achève le film... Dont il existe hélas fort peu de trailers intéressants, parmi lesquels celui-ci, qui croit montrer l'origine de la balle, mais c'est bien sûr une fausse piste :

    J'emprunte pour finir quelques mots à Guillaume Gas, qui a fait une excellente analyse de cette œuvre via Wikipédia : "Animé d'une passion évidente pour la tragédie classique et l'expressionisme allemand, le cinéaste avait su bâtir avec China Girl une passerelle idéale entre le traitement détourné de ses obsessions et les canons esthétiques de l'époque (...). Sur le terrain formel et la pure description d'un univers urbain sans espoir, il n'est d'ailleurs pas difficile d'y déceler les prémices de ses futures pièces maîtresses que seront King of New York et Bad Lieutenant".

    Dites-moi ce que vous en pensez, je serais alors très content !

    Autres films du même réalisateur : King of New YorkBad LieutenantBody SnatchersThe Funeral

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    2 Comments:

    Anonymous Chah said...

    Un lien avec l'expressionnisme allemand ?!? Ça doit être très original.
    J'aime bien le thème, ton article m'a donné envie de le voir même si tu divulgues la fin. En effet ça rappelle bien Roméo et Juliette et West side store.

    lundi, 14 août, 2023  
    Blogger Vincent said...

    C'est sûr, c'est assez original - surtout vu l'époque ! Bon, je suis d'accord, j'ai divulgué la fin, mais ce n'est pas bien grave, pour un film de 1987... Et comme tu le dis, il s'agit d'un thème qui est aussi vieux que l'homme - meilleure preuve avec Roméo et Juliette !

    mardi, 15 août, 2023  

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