Un excellent film, l'avant-dernier réalisé en 1991 par Blake Edwards, spécialiste de la comédie et de l'humour, notamment avec The Party (1968) et toute la série de The Pink Panther, que vous connaissez par cœur. Mais cette fois-ci, il en va de toute autre chose :
Switch veut avant tout dire "Le Changement", mais comme cela n'est pas très expressif en français, on a choisi le titre Dans la peau d'une blonde, bien meilleur. Il s'agit de l'un des films les plus drôles que j'ai jamais vu ces derniers temps, avec True Lies de James Cameron (1994) ou Last Action Hero de John McTiernan (1993).
Le point commun avec ce dernier, c'est qu'il ne parle pas d'un inspecteur totalement farfelu (comme dans The Pink Panther), mais bien d'une histoire à moitié réelle, basée sur cette hypothèse incroyable et fantastique : le fait qu'un homme se réincarne en femme, chargé de purger ainsi tous les actes macho et misogynes qu'il a pu commettre.
Je crois que ce thème était encore très rarement traité dans l'Amérique de cette époque, et qu'il fait énormément de bien à être regardé - surtout grâce à l'actrice principale, Ellen Barkin, qui est tout simplement extraordinaire !
L'on commence tout d'abord avec Steve Brooks (Perry King), un chargé de publicité véritablement ambitieux, et suffisamment calculateur - et radin - pour piquer les trois roses qu'il va offrir aux femmes de sa vie, en premier lieu à Margo, qui fait semblant de bien l'accueillir :
Mais les trois femmes qui l'attendent, Liz, Margo, et Felicia, ont toutes bien autre chose en tête : tuer cet homme insupportable en le noyant au cœur d'un jacuzzi. Ce qui ne va pas bien se passer durant un premier temps, mais Margo sait ce qu'elle veut, et va sortir de son tiroir un révolver au résultat cette fois implacable :
Résultat, Steve Brooks est bien mort, déporté dans le fleuve, et devinez quoi ? On le voit en train de débattre de son avenir avec le diable en personne (Bruce Payne), lui laissant cette unique possibilité d'aller droit au ciel : incarner une femme, et se dévouer à rendre celles-ci bien plus heureuses qu'il avait l'habitude de le faire :
Naît alors la (soi-disant) demi-sœur de Steve Brooks, Amanda Brooks (Ellen Barkin), qui n'a au départ aucune conscience de sa mutation, et s'en aperçoit tout d'abord en allant uriner - ne trouvant plus la chose en question -, puis ensuite en s'apercevant dans une glace, et se mettant alors à hurler comme si elle ne le supportait pas :
Amanda va ainsi démontrer dans un premier temps toute la haine qu'elle a envers cette espèce humaine, que ce soit dans sa façon étrange de montrer son slip, ou les étranges chaussures qu'elle n'aime pas du tout porter. Mais comme elle le comprend rapidement, il va bien falloir faire avec, histoire de passer inaperçue :
La seule personne en qui elle a confiance au sein de la boîte de publicité s'avère être Walter Stone (Jimmy Smits, très connu pour son rôle dans la série La Loi de Los Angeles) - et qui était autrefois le très bon ami de Steve Brooks, mais bien sûr, elle/il ne veut pas encore lui expliquer la complexité de cette transition :
Nous découvrons au passage la secrétaire de son demi-frère Steve (Catherine Keener, dont c'était le premier véritable rôle au cinéma) - et qui s'avère le détester tout autant que lorsqu'il était encore en vie :
Puis plus important le patron de la boîte de publicité, Arnold Freidkin (Tony Roberts), envers lequel Amanda a l'air plutôt positive - en compagnie de Walter Stone, dont elle se rapproche de plus en plus :
Cela peut vous paraître étrange, mais je n'ai pas ce film en DVD - ce qui m'a contraint à effectuer toutes les recherches d'images possibles sur Internet, un travail réellement difficile...
Heureusement, je l'ai vu récemment 3 ou 4 fois, et je me souviens très bien des intrigues principales, non seulement de la relation d'Amanda avec Walter Stone - qui s'avère de plus en plus claire concernant son passé d'homme -, mais aussi de ses rapports avec Margo Brofman (JoBeth Williams), la fameuse meurtrière de Steven Brooks, vis à vis de laquelle elle se cache le moins possible de sa relation avec lui :
En résumé, nous sommes donc trois à savoir qui Amanda était dans le passé : Walter Stone, Margo, et le public... De temps en temps, Amanda en vient même à téléphoner à d'anciennes amies, histoire de sonder la réputation de Steve Brooks - autrement dit d'elle-même -, mais elle se voit systématiquement insulter, quand on ne lui raccroche pas au nez :
En tous cas, elle sait très bien comment se comporter avec les hommes... Meilleure preuve avec l'arrivée du nouveau Dan Jones (Kevin Kilner), dont elle élimine d'emblée la proposition de l'inviter au restaurant - qu'elle sait bien sûr immédiatement suivie par une invitation à l'hôtel :
Reste à se concentrer sur la phase la plus importante de sa soi-disant accession au paradis : savoir se montrer bien plus sympathique avec une autre femme qu'elle avait l'habitude de le faire, du temps où elle était encore Steve Brooks...
Peut-être est-ce le côté le plus ambigu du film : le point où elle décide - plus ou moins contre son gré - de séduire la célèbre lesbienne Sheila Faxton (Lorraine Bracco)...
Celle-ci est une puissante créatrice de parfum, avec laquelle la boîte d'Arnold Freidkin cherche à tout prix à travailler, et mine de rien, cela va se passer du mieux qu'il est possible - malgré les vraies difficultés qu'Amanda éprouve à ce sujet :
En gros, la détente règne donc partout... Jusqu'à ce qu'Amanda, de pair avec Walter Stone, finit par se saouler complètement lors d'une soirée improvisée, qui se dégrade vite en une vaste bagarre ingérable :
Souhaitez-vous que je vous dise ce qui se passe par la suite ? 1) Elle rentre chez elle complètement bourrée, et met au lit Walter Stone, sans même s'apercevoir que celui-ci lui fait l'amour - apparemment avec toute sa volonté 2) Furieuse de sa toute première fois en tant que femme, elle découvre du même coup à la télévision que que le corps de Steve Brooks vient d'être retrouvé dans le fleuve...
Histoire de se détendre un peu, elle décide donc de se livrer à un match de volley-ball avec Walter Stone - au cours duquel elle perd, ce qui ne l'empêche pas de se trouver malgré tout bien contente que ce soit à un seul point près :
Ceci dit, la découverte du corps de Steve Brooks - suivie de près par Margo, qui cherche à tout prix à être disculpée de cet assassinat - ne lui laisse qu'une unique solution : se rendre à l'aéroport, et fuir à l'étranger... Malheureusement, deux inspecteurs l'attendent, et elle est aussitôt enfermée dans un hôpital psychiatrique :
Cinq mois plus tard, toujours dans cet endroit, elle apprend subitement qu'elle est enceinte d'une petite fille... Et mine de rien, elle s'en entretient avec Walter Stone, lequel n'a pas l'air du tout choqué, et est même bien content qu'il/elle soit vraiment contente de la situation :
Il ne leur reste donc plus qu'une seule chose à faire : se marier, avant la naissance de l'enfant... Ce qui va se passer en privé, au cours d'une cérémonie fort émouvante :
Hélas, Amanda est toujours - d'un certain côté - Steve Brooks. Et lors de la venue au monde de l'enfant, elle a le choix entre ces deux seules possibilités : ou bien sa future fille meurt, ou bien c'est elle-même...
Elle choisit sans hésiter l'ultime version... Tout en se doutant que son mari et sa fille vont venir lui rendre visite autant que possible :
Le dernier plan ? Celui où on l'entend parler avec Dieu lui-même, au sujet du sexe qu'elle souhaite adopter pour son paradis... Elle ne le sait pas encore vraiment, hésite un peu, mais Dieu lui dit : "Peu importe, tu as tout le temps qu'il te faut" !
C'est formidable, non ? Un film magnifiquement conçu par Blake Edwards, joué d'une façon magistrale par Ellen Barkin et Jimmy Smits, et qui reste - plus de trente ans après sa sortie - non seulement hilarant d'un bout à l'autre, mais surtout diaboliquement à la page, puisque les discriminations homme/femme sont toujours d'actualité...
Vous voulez bien sûr le trailer :
Serait-ce vous dire que je souhaite naturellement un commentaire de votre part ? Bien sûr que oui - et ceci d'autant plus que je n'ai pas parlé depuis bien longtemps d'un Opus aussi drôle !
Sorti en 1982, et conçu depuis les années 1970 par John Carpenter, déjà bien connu pour Fog (1980) et New York 1997 (1981), ce film - surnommé La Chose en français - fut alors très mal accueilli par la critique, déçue par son caractère nihiliste peu compatible avec la récession de l'époque, et surtout bien plus attirée par E.T de Steven Spielberg, sorti à la même époque et bien plus positif en tant que film sur les extraterrestres.
Néanmoins, je vois comme encore plus grave sa comparaison avec le fameux Alien de Ridley Scott, qui en 1979 représentait vraiment une véritable nouveauté, tant dans le choix des acteurs que dans la représentation de l'Alien, et dans le nombre de prix du cinéma qu'il remporta grâce à sa conception et sa réalisation très originale. Fort heureusement, The Thing a depuis sa sortie en DVD reconquis son statut de film culte, et fait partie de la production la plus reconnue de ces sinistres années, donnant tout à la fois une vision juste et apocalyptique de cette période.
Il existe bien sûr un trailer fort convainquant, mais je préfère ne vous le livrer qu'à la fin de cet article, histoire de vous laisser dans la même ambiance que la douzaine de personnages confrontés à cette peur bien particulière, qui commence dès le début avec cette poursuite insensée d'un chien de traîneau par un hélicoptère norvégien - avec pour seule ambition de le tuer au plus vite :
Les américains, alors en mission en Antarctique, ne comprennent rien du tout à ce qui se passe - pas plus que la langue utilisée par les norvégiens pour tenter de communiquer avec eux. Toujours est-il que le pilote meurt par l'explosion inattendue d'une grenade, et que l'unique passager est abattu par le chef de sécurité Garry (Donald Moffat) - tout ceci laissant le chien en pleine liberté :
Le Dr Blair (A. Wilford Brimley), l'un des personnages les plus importants de la série, pratique à ce moment une autopsie, mais sans aucun résultat anormal :
Il ne reste plus alors qu'à se rendre sur le campement norvégien en hélicoptère - tout en laissant le nouveau chien dans les lieux, ce qui est remarquablement filmé par John Carpenter :
Une fois arrivé sur les lieux, ils ne peuvent que constater la mort de tous les occupants norvégiens... Ainsi qu'un imposant bloc de glace, qui semble avoir été excavé afin d'en faire sortir quelque chose :
Sur la gauche - bien qu'on le voit très mal - se trouve le personnage principal, le pilote d'hélicoptère R. J. MacReady (Kurt Russell, déjà célèbre grâce à New York 1997 de John Carpenter)... Et durant tout ce temps, Clark (Richard Masur) accompagne le chien jusqu'au chenil de la station, sans se douter de la suite :
Toujours est-il que le chien subit une monstrueuse métamorphose, et attaque d'un seul coup tous les autres animaux. Très surpris, Childs (Keith David) décide de l'incinérer au lance-flammes, et une fois ceci terminé, le Dr Blair se livre de nouveau à une autopsie :
Mais celle-ci se révèle bien plus impressionnante que la première fois, et le Dr Blair est le premier à supposer que la chose en question peut en fait imiter n'importe quelle forme de vie :
Une fois découvert ce fait, la seule solution reste pour MacReady, Copper (Richard A. Dysart) et Vance Norris (Charles Hallahan) de visiter l'endroit où les norvégiens passaient le plus clair de leur temps :
Et ils découvrent un gigantesque cratère, qui semble contenir l'épave d'un ancien vaisseau spatial, dont l'origine daterait au moins de 100000 ans :
A peine rentrés au camp, il s'aperçoivent que cette découverte ne s'avère pas bonne du tout, bien au contraire.. MacReaddy se sent le plus concerné par cet événement, et découvre que la créature ne mettra que 27 heures à infester la population mondiale, ceci sur un ordinateur - qui, je le précise, date de 1982, et semble donc vraiment archaïque :
George Bennings (Peter Malonay), le météorologue, est à son tour pris en attaque subitement par la chose... MacReady intervient alors, d'une façon particulièrement violente, mais on ne peut faire guère autre chose, dans ce contexte :
C'est le moment où le Dr Blair pète complètement les plombs, allant jusqu'à saboter tous les moyens de transport, tuer les chiens de traîneau, et détruire la radio... Il semble particulièrement en colère, et s'est même pourvu d'un révolver et d'une hache ;
Heureusement, MacReady parvient à le maîtriser, puis décide d'enfermer le Dr Blair dans la cabane à outils, assez loin du reste du camp... Le pire en ce moment, c'est que plus personne ne fait confiance à l'autre, et chacun croit déjà son voisin en partie contaminé :
Ceci se présente tout d'abord avec l'apparente crise cardiaque de Vance Norris, le géologue, qui n'en est pas une du tout, mais bien une tentative de la chose de se rematérialiser le mieux possible :
C'est le moment précis où le film bascule dans les effets spéciaux de Rob Bottin, acutuellement totalement démodés, qui se repèrent immédiatement de nos jours, et ont coûté à l'époque 1,5 millions de dollars, soit un dixième de la somme totale...
Ceci apparaissait aussi dans le célèbre Alien de Ridley Scott, sorti trois ans plus tôt, mais ce n'était visible que dans les dernières minutes de l'Opus, alors que dans The Thing, nous y sommes confrontés largement dans son dernier tiers :
Nous pouvons ainsi constater les oppositions entre ces scènes où tout marche très bien, par exemple celle où MacReady essaye de le brûler :
Et celles où les trucages ne passent plus du tout, comme lorsque la créature voit sa sa tête se séparer, et se réincarner en arachnide :
Enfin bon, il faut tout de même laisser finir le film, avec des plans bien mieux réussis, et réalisés avec une grande maîtrise par John Carpenter... Déjà, MacReady brûle une seconde fois le corps en question :
Puis il recherche le Dr blair, en constatant définitivement que celui-ci est contaminé, et a même monté une sorte de vaisseau spatial, dans l'espoir de pouvoir partir :
Là, MacReady parvient au bout de ses propres limites :
Et il décide de détruire ce qui reste de la créature, en lui balançant au passage cette phrase qui lui fait un bien fou, "Yeah... Fuck you too !!!" :
C'est le moment terminal, où MacReady et Childs (Keith David, le mécanicien) savent qu'ils sont désormais les deux seuls à rester en vie, sentent qu'ils vont être condamnés par le froid, et décident finalement de boire la dernière bouteille de scotch - laquelle a miraculeusement survécu à l'apocalypse :
Hélas, cela ne va pas durer très longtemps, et conclut de façon tragique The Thing de John Carpenter, que je suis sûr vous aimerez beaucoup aujourd'hui, malgré quelques mauvais trucages :
Première preuve, avec ce trailer original - comme je vous l'avais promis dès le début de cet article :
Mais surtout seconde preuve avec cet interview de Quentin Tarantino, qui le considère comme l'un des films d'horreur les plus convaincants du monde, parle un peu de son influence sur The Hateful Eight en 2015 (où Kurt Russell joue également l'un des rôles principaux), et surtout de cette analogie avec son tout premier film, Reservoir Dogs (1992), où il s'est nettement inspiré de cette dégradation progressive d'un groupe au départ uni :
C'est en anglais, mais bon... Vous avez les sous-titres, n'est-ce pas ? En tous cas, j'ai beaucoup aimé ce film, malgré la mauvaise impression que j'en avais originellement, et je vous recommande vivement l'article sur Wikipédia, qui malgré sa longueur, nous dit tout ce que nous avons à savoir sur The Thing, John Carpenter, Kurt Russell, Rob Bottin, et bien d'autres gens présents sur le tournage... J'espère que vous apprécierez cet article, et - qui sait ? - que vous oserez laisser un commentaire !