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  • mercredi, février 16, 2022

    BATTLE ROYALE (KINJI FUKUSAKU)

    Après vous avoir parlé de Black Rain, tourné au Japon par un réalisateur britannique (Ridley Scott, en 1989), je vais maintenant en venir à un film de ce pays, intitulé Battle Royale (2000), quasiment le dernier Opus de Kinji Fukusaku (1930-2003), déjà très célèbre en Orient, mais devenu subitement incontournable en Occident, remportant au moins cinq fois la mise initiale - d'environ 5 millions de dollars !

    Au départ basé sur un roman de Kôshun Takami (paru en 1999), également promis à un grand succès, cette œuvre appartient à l'espèce rarissime de films inclassables, dont j'ai fait quelques expériences ici (notamment avec Being John Malkovich). Inutile de dire que Kinji Fukusaku a nettement influencé Takeshi Kitano, John Woo et Quentin Tarantino, j'y reviendrai plus tard... Pour l'heure, démarrons déjà avec la marque principale, Tôei Company, l'une des plus grosses entreprises de distribution de films dans ce pays :

    Il faut le dire, ça a l'air de commencer très bien, avec cette vue sur l'océan accompagnée du sublime Requiem de Verdi... Mais cela ne va durer que le générique, et nous sommes immédiatement entraînés vers une vidéo bien moins plaisante, où s'exprime la précédente (et unique) vainqueuse de Battle Royale il y a quelques années :
    Enfin donc, nous sommes à la fois confrontés à cette expérience unique qui se nomme Battle Royale (une bataille rassemblant quarante lycéen tirés au sort, ayant lieu une fois par an), et à son grand chef, Takeshi Kitano, pour une fois simplement acteur... Mais il a dû remplacer Kinji Fukusaku, gravement malade, pour le tournage de Violent Cop en 1989, ce qui lui donnera accès à la réalisation, avec le grand succès que l'on connaît :
    Ces étudiants de terminale ont l'air pour l'instant très rassurés, dans ce bus qui les emmène sur leur lieu de concours :
    Mais il va en aller très vite bien autrement, lorsque les 40 élèves réunis apprendront qu'un seul d'entre eux devra survivre à ce processus de trois jours, ce qui est explicité par une vidéo en apparence très sympathique :
    Il leur suffira de mémoriser trois règles très simples... 1) D'une part, en suivant l'heure très précisément donnée, ne pas se rendre sur certaines zones clarifiées d'avance : 
    2) Ne surtout pas essayer d'enlever  le collier explosif dont chacun est désormais pourvu... Sinon, cela débouchera uniquement sur ceci, dont le chef Takeshi Kitano a été obligé de recourir sur Yoshitoku Kuninobu, l'un des deux premiers élèves disparus... Attention (sauf exception), je ne donnerai pas le vrai nom des acteurs, mais seulement leur surnom dans le film :
    3) Enfin, chacun des élèves sera pourvu d'une arme aléatoire, disponible dans le sac de survie qui leur est livré, et qui peut aller du révolver à une arbalète ou une simple paire de jumelles :
    Ce qui est une fois de plus rappelé par la fille enthousiaste de la vidéo, qui a profité d'une très pratique hache :
    Peut-on savoir le sens de tout cela ? En fait, dans un futur débordant de montée de violence et de rébellion chez les jeunes, les adultes ont définitivement voté la loi Battle Royale, impliquant le combat d'une classe de terminale tirée au sort, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un. Et comme le dit Takeshi Kitano, 'la vie est un jeu" :
    En tous cas, l'introduction est terminée, et les 40 élèves sont livrés à eux-mêmes dès le premier jour sur le début de Battle Royale, dans une île déserte du Japon :
    Qui évidemment, se déroule comme prévu... Avec les premiers résultats affichés sur l'ordinateur très sophistiqué dont disposent les forces de l'ordre :
    Mais il en va différemment suivant les élèves, certains se montrant très réfléchis et intelligents, d'autres pratiquement débiles ou pervers... Sans oublier ceux qui ne veulent absolument pas jouer à ce jeu, leur seul souci étant de s'en sortir indemne :
    Désolé, je ne me rappelle plus de leurs noms... Mais ces deux-là passent un message qu'ils estiment très important à Yukiko Kitano et à Yumiko Kusaka, deux jeunes filles qui ont l'air de partager la même idée :
    Malheureusement, les deux élèves se font descendre par Kazuo Kiriyama, le "volontaire", qui fut comme par hasard réuni à la classe juste "pour s'amuser"... Incroyable, n'est-ce pas ? En tous cas, les deux restants ont bien du mal à s'en convaincre :
    Même s'il leur reste un peu d'espoir, consistant dans un travail encore mystérieux sur un ordinateur :
    Apparaît enfin la très énigmatique Takako Chigusa, réputée comme étant la plus belle élève de sa classe et une grande sprinteuse, ayant beaucoup de mal à se lier avec d'autres jeunes filles. Mais vous la connaissez forcément, non ?
    Mais si... En réalité (c'est l'une des rares fois où je livre ce détail), elle s'appelle Chiaki Kuriyama, et interprétera en 2003 la sadique Gogo Yubari dans le très célèbre Kill Bill, de Quentin Tarantino : 
    Comme quoi, ce n'est pas rien, que Tarantino ait déclaré en 2009 que Battle Royale était son film favori ! Toujours est-il que dans cet Opus, la jeune Takako Chigusa résiste comme elle le peut aux avances perverses de Kazushi Niida, qu'elle finit par abattre de ses propres mains, avant d'y passer à son tour :
    En résumé, la première journée se termine donc avec 20 morts... Ce qui semble un peu léger aux yeux de Takeshi Kitano, qui ne peut s'empêcher de le rappeler à l'ébauche du second jour :
    Journée où se prépare quelque chose d'inédit, une véritable bombe, ce qu'un nommé Shinji Mimura s'empresse de mettre en place avec l'aide de deux amis, Keita Iijima et Yutaka Seto :
    Pendant ce temps, c'est malheureusement la plus grande confusion qui règne au sein d'une équipe de filles veillant sur Shûya Nanahara : une assiette destinée à l'empoisonner est livrée par erreur à Yuka Nakagawa, ce qui la tue instantanément. Dans la panique, Satomi Noda s'empare d'un pistolet-mitrailleur, et tue Chisato Matsui, Haruka Tanizawa, en blessant au passage Yukie Utsumi :
    Laquelle, se sentant coupable, prononce cette phrase symbolique, avant de se suicider en sautant du haut du phare :
    En revanche, le plan de l'ordinateur marche très bien, puisque l'armée devient d'un seul coup incapable de contrôler quoi que ce soit, qu'il s'agisse des lieux interdits à certaines heures, ou encore de l'explosion éventuelle des colliers de chacun :
    Ce qui laisse tout le temps à Shinji Mimura, Yutaka Seto et Keita Iijima pour terminer à temps la fameuse bombe, qu'ils sont sur le point de balancer sur l'école : 
    Hélas, le "volontaire" Kazuo Kiriyama se trouve au même moment sur les lieux, et bien que la bombe finisse tout de même par exploser, il va réussir à tuer tout à la fois Yutaka Seto, Keita Iijima et Shinji Mimura :
    Résultat (presque) final ? Il ne reste que trois êtres vivants : Shûya Nanahara, relativement blessé, la jeune fille Noriko Nakagawa, et le principal d'entre eux, Shôgo Kawada... Il est temps de se rappeler que ce dernier, tout comme le "volontaire" Kazuo Kiriyama, faisait également partie des deux sélectionnés en plus pour s'intégrer à l'équipe de façon arbitraire :
    Il a d'ailleurs déjà participé à Battle Royale trois ans plus tôt, et ne vise qu'une chose évidente : être le dernier et le seul survivant... Shôgo Kawada va donc en finir très rapidement avec les deux derniers, même si cet acte a beaucoup de mal à être compris par ceux qui regarde le film pour la première fois :
    Et du reste, pour cause... Puisque cette exécution n'a été qu'une simple feinte, destinée à se rapprocher tous les trois du grand chef de cette mission aberrante, Takeshi Kitano :
    Lequel ne peut s'empêcher de déclarer son sentiment à l'égard de Noriko Nakagawa - que celui-ci soit vraiment réel, ou juste imaginé par la jeune fille :
    En tous cas, il est abattu par cette dernière, cette fois-ci de façon définitive - du moins, on l'espère :
    En tous cas, Shûya Nanahara, Noriko Nakagawa et Shôgo Kawada s'en estiment bien contents :
    On voit comme ultime tableau celui de la jeune fille triomphant de tous les autres morts, peint au dernier moment par le grand chef Takeshi Kitano - bien qu'il s'agisse d'une vraie toile de Takeshi Kitano (désolé, mais son nom d'acteur est pour une fois le même que son nom réel) :
    Malheureusement, Shôgo Kawada décède peu de temps après, suite à sa fatigue et à ses blessures... Résultat : il ne reste que Shûya Nanahara et Noriko Nakagawa, éperdument amoureux l'un de l'autre, et marchant cette fois-ci dans un Japon civilisé, entourés de nombreuses personnes inoffensives. Ceci veut-il dire qu'il est légal d'être deux personnes à gagner à Battle Royale, un couple, en plus ? Sûrement pas, comme le montre ce dernier plan :
    Ce que j'en pense ne vous intéressera certainement pas, mais je tiens tout de même à le dire : ce film nécessite au moins deux visions (si ce n'est plus), ne serait-ce que pour s'adapter d'une part à ses nombreux personnages, à leur façon très particulière de fonctionner, et d'autre part pour bien faire la différence entre sa réalisation en apparence très sérieuse - laquelle lui a valu l'enthousiasme délirant de tous les jeunes de l'époque -, et sa conception par contre beaucoup plus à double tranchant, carrément humoristique par moment (surtout vers la fin), et digne de l'âge très avancé de Kinji Fukusaku, dont c'était le dernier Opus à 70 ans.
    Si vous ne l'avez pas encore vu (ce que je ne souhaite pas), je n'ai hélas pas trouvé de bonnes vidéos... Mais il y a néanmoins cette explication qui n'est pas mal du tout, faite en espagnol et sous-titrée en anglais, ce qui devrait suffire à beaucoup d'entre vous :
    Ai-je parlé de la musique ? Je ne crois pas... Mais je me rattrape avec Masamichi Amano, qui est non seulement un excellent compositeur, mais en outre superpose à sa très bonne musique une base classique invincible, due à Bach, Schubert, Strauss et Verdi.
    Dernière vidéo, pour ceux qui le souhaitent : une très rapide vue sur les différents acteurs, vus à la fois au moment du film, puis bien après... Ce qui prouve, mine de rien, qu'ils survivent :
    Inutile de vous dire que j'adore la dernière œuvre de Kinji Fukusaku, même si je ne la regarde pas aussi souvent qu'elle le mérite... En tous cas, j'espère que vous l'aimerez beaucoup, de même que le fameux Kill Bill de Quentin Tarantino, ou encore les films de Takeshi Kitano, tout d'abord Zatoichi, puis le tout premier, Violent Cop, et enfin les mystérieux Dolls et Sonatine. Bon courage !

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    mercredi, juin 01, 2016

    EYES WIDE SHUT (STANLEY KUBRICK)

    Autrement dit, Les Yeux grand fermés...
    Hum, je ne ferai pas de spoiler... Non seulement parce que je ne vais pas raconter l'intégrale de ce film géantissime (l'ultime de Stanley Kubrick, daté de 1999), ce qui nécessiterait une centaine de photos et un texte gigantesque, mais surtout me contenter pour l'instant d'en faire l'analyse de quelques points fondamentaux concernant ce fameux "rêve intégral" - ce qui n'est pas un spoiler, puisque ceci sera très franchement révélé dans la dernière scène du film, comme vous le prouveront les ultimes photos mises à la fin de cet article, de même qu'un certain nombre de scènes en réalité filmées dans des miroirs, tout comme dans Shining, du reste :
    Tout ce que l'on voit dans des miroirs semble réel, mais ne l'est pas forcément... De même que ce qui apparaît sur certains tableaux, comme par exemple celui-ci (magnifique, dû à Christiane Kubrick, la femme du réalisateur) devant lequel passe Tom Cruise lors de l'une des premières scènes du film, durant la gigantesque soirée, et qui semble déjà annoncer à l'avance ce qu'il va découvrir en théorie réellement :
    Chose dont j'ai le plus envie de parler : l'aspect formel très étonnant de ce film (dont l'auteur est un fan absolu de musique classique), et qui semble une combinaison entre l'ancienne forme rondo (ABACADA) et la plus récente forme rétrograde (ABCDEFEDCBA)... Le début étant plutôt basé sur cette dernière forme, avec les scènes suivantes :
    A : La grande fête luxueuse
    B : Le couple dans leur appartement
    C : La rencontre de la prostituée
    D : Le concert de Jazz
    E : La boutique de vêtements
    F : La scène centrale du château
    Cette scène étant, comme beaucoup d'entre vous le savent, l'une des plus longues et des plus monstrueuses du film, où même sans miroir, tout le monde apparaît masqué dans ce sublime château (étant en réalité celui d'un Maharajah exilé en Angleterre) :
    Une scène relativement terrifiante (sans même parler de la musique très flippante de Györgi Ligeti) :
    Là encore, lorsque Tom cruise rentre chez lui (lors d'une scène que je baptiserai B2), le tableau représente mine de rien ce fameux château qu'il ignorait totalement le jour précédent, meilleure preuve qu'il s'agit d'un rêve :
    D'une façon très étrange, il y eut un jour l'interview de Martin Scorsese au sujet de ce film (l'un des très rares cinéastes à demeurer à New York plutôt qu'à Hollywood), qui disait avec son habituelle rapidité sicilienne de langage : "Mais oui, vous connaissez New York, il n'y a aucuns de ces magasins ni de ces bars, cela se voit tout de suite que c'est un rêve, m'enfin" !
    Mais il y en a également une autre énorme preuve... Notamment le fait que quel que soit l'endroit où se trouve Tom Cruise, le sapin est toujours le même, avec la même décoration, ce qui en théorie ne peut jamais réellement se produire (six photos des scènes A, B1, C, D & E) :
    Y compris dans deux scènes extrêmement courtes, la première ayant lieu dans le propre cabinet du docteur, et la seconde dans l'hôpital où il se rend afin de découvrir dans la morgue l'une des femmes qu'il croit connaître (où l'on entend la très étrange et très morbide pièce de Franz Liszt, Nuages Gris) :
    Juste histoire de terminer ma vague analyse de ce film, voici le moment de reparler de la forme globale, à mi chemin entre la forme rondo et la forme rétrograde, de sorte que l'on peut ainsi classifier les scènes : A, B1, C, D, E, F (le château central), puis B2, E, B3, C, H (la morgue), A, B4 & B5...
    B s'avère ainsi le thème principal du rondo, et il s'agit de celui traité de la façon la plus maniaque possible par le perfectionniste Stanley Kubrick (qui a tout de même passé plus de deux ans à tourner ce film très intimiste, ce qu'un réalisateur français aurait fait en deux mois)... Meilleure preuve en partant tout d'abord de B1, premier plan orange avec le fond de ciel bleu :
    B2, premier plan bleu avec le fond orange :
    B4, premier et dernier plan en bleu :
    B5, premier et dernier plan en orange, avec en prime tout un dialogue qui révèle de façon très claire le thème fondamental du film, dont sans doute il ne s'agit que de la seule et unique scène "réelle" (et certes, d'une assez faible gaîté, il faut bien le dire) :
    Bref, un film totalement hallucinant, en résumé... Non seulement lors de la toute première vision, mais vu de mon côté, plus je le regarde, et plus je le trouve incroyable et géantissime ! Sans même parler de l'incontournable mysticisme des nombres de la part du réalisateur, identique à celui du fameux Johann Sebastian Bach...
    En l'occurrence ici celui du chiffre deux (bien évidemment basé sur le couple) ! De sorte qu'hormis l'alternance de ces deux couleurs bleu & orange dont je viens tout juste de parler, le film s'ouvre comme par hasard sur la Valse N°2 de Chostakovitch, et trouve bien sûr son point culminant très flippant avec la Musica Ricercata N°2 de Ligeti, un morceau lui-même très curieusement juste fondé sur deux notes (mi# & fa#), avec soudain l'arrivée inattendue et très brutale d'une troisième et dernière note (sol), qui coïncide à la seconde près avec le point crucial de la pire scène du film, celle du château...
    Que dire de plus ? Sinon qu'au niveau de l'analyse, ce film est quasiment digne d'une fugue de Johann Sebastian Bach : on peut le revoir 5 fois, 10 fois, 50 fois, et l'on découvrira toujours quelque chose de nouveau, un code illisible la toute première fois, et en résumé une pluie de symboles absolument énorme !

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