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  • lundi, janvier 01, 2024

    WILD AT HEART (DAVID LYNCH)

    Au cas où vous ne le sauriez pas encore, ce film s'intitule en français Sailor et Lula, reprenant tout simplement le nom des deux personnages principaux, et sortit en 1990 tout d'abord au festival de Cannes, où il obtint - pour une fois - la Palme d'or.

    Bien qu'il s'agisse d'un Opus nettement supérieur à Blue Velvet (1986), il est aujourd'hui à relativiser face à Lost Highway (1997) et à Mulholland Drive  (2001), tous les deux nettement plus barrés - alors que Wild at Heart se base finalement sur le thème assez classique de l'amour de deux êtres qui va résister à tout, même à la sauvagerie de leurs proches.

    Nous en avons l'image dès le début, avec cette superbe musique - due comme d'habitude à Angelo Badalamenti, d'ores et déjà accompagnée par le feu qui va se révéler très prenant au cours du film :

    C'est alors que commence l'histoire, présentant Sailor Ripley (Nicolas Cage) agressé dans une fête par son beau-père sans véritable raison :

    Pendant que sa véritable amante Lula Pace Fortune (Laura Dern) se met à paniquer pour de bon, surtout en voyant le résultat catastrophique de ce qui ne semblait être qu'une simple bagarre :
    Quelques années plus tard, Sailor sort enfin de prison, et comme c'était à prévoir, il se retrouve attendu par sa chère Lula qui vient le chercher en voiture, lui apportant sa veste chérie :
    On découvre alors de manière plus précise la mère de Lula, Marietta Pace Fortune (Diane Ladd, au demeurant une plutôt mauvaise actrice), s'entretenant avec son provisoire amant le détective privé Johnnie Farragut (Harry Dean Stanton) :
    A cette occasion, Sailor se remémorise ce qui s'est passé réellement le fameux jour de son arrestation - dont il juge la plus responsable Marietta, qui lui proposait des choses totalement incohérentes dans les toilettes privées de l'hôtel :
    Mais il décide de s'en tenir là, et emmène Lula dans une boîte tranquille afin tout d'abord de danser, puis finalement de chanter - pas encore le fameux  Love me Tender (de Elvis Presley) dont celle-ci rêve sans arrêt, mais cela s'en rapproche déjà bien :
    Puis ils décident de dormir ensemble, ce qui est d'un certain côté plutôt beau, vu le lit qu'ils utilisent et leur position :
    Mais se révèle au même moment tragique avec le rêve particulier de Lula, où elle voit son père brûler et mourir du même coup sous ses yeux - ce qui lui est arrivé il y a quelques années :
    N'oublions pas à ce propos le genre de symbole typique de David Lynch, où il nous apprend comment faire le lien entre deux choses en apparence incompatibles :
    L'on découvre à ce moment la passion la plus nette de Sailor et Lula : partir enfin en voiture vers le Texas, pour être enfin tranquilles et loin de la police... Quel que soit le lieu inconnu où ils se retrouvent :
    Changeant complètement de point de vue, David Lynch nous montre alors le véritable criminel Marcello Santos (J. E. Freeman) en train de s'entretenir avec Marietta, au sujet de la mort de Johnnie Farragut, qu'elle souhaite absolument :
    Et l'on distingue - brièvement - le grand patron de tout cela, Mr Reindeer (William Morgan Sheppard), qui a déjà tué le père de Lula en mettant feu à sa maison :
    Marietta s'avère alors complètement déjantée, elle qui était pourtant d'accord avec l'exécution de son futur mari, et appelle du coup Johnnie Farragut pour le mettre en garde :
    C'est le point précis du film où l'on voit enfin les deux romantiques Sailor et Lula se détendre un peu au soleil couchant... Sauf que cela ne dure guère, et qu'il découvrent peu de temps après une jeune fille au bord de la mort (Sherilyn Fenn) :
    Bonne raison pour donner l'occasion à trois hommes diminués de prévenir Marietta d'un grave accident, sans lui en livrer plus... C'est alors que Marcello Santos débarque dans l'hôtel, lui confirmant le futur meurtre de Johnnie Farragut, qu'elle a pourtant tenté d'empêcher :
    Nous voyons alors Johnnie Farragut se faire tuer brutalement par Juana Durango (Grace Zabriskie) et quelques acolytes, qui ont tous l'air bien satisfaits :
    Dernier point de vue du film : Sailor et Lula se rendent à une soirée nocturne bien animée, où ils vont rencontrer entre autres Spool (Jack Nance, bien connu pour avoir été le principal acteur dans Eraserhead)... Mais surtout Bobby Peru (Willem Dafoe), l'espèce de double de Sailor, qui donne à lui tout seul un résumé exagéré de la vie de ce dernier : 
    Cela se voit tout d'abord dans la relation extrêmement étrange et malsaine qu'il a avec Lula, seule à ce moment de la journée... Apprenant par hasard qu'elle est enceinte (ce que Sailor ne sait pas encore), il lui promet de la laisser tranquille à condition qu'elle lui révèle son intention de baiser, ce qu'elle finit par faire - avec, grande surprise, son départ immédiat :
    Second point important : Bobby Peru persuade alors Sailor de participer à un Hold-up facile... Et bien que ce dernier ait du mal à se décider, il finit par accepter, coincé entre les bières et une récompense visiblement très importante, qui va lui permettre d'emmener Lula où elle le souhaite :
    Au volant se retrouve - comme par hasard - Perdita Durango (Isabella Rossellini), qui s'entretient rapidement avec le seul policier, rencontré justement devant la banque dévalisée par Bobby Peru et Sailor :
    Sauf que ceci ne se passe pas du tout comme prévu... D'une part avec le faux revolver dépourvu de balles que Bobby Peru a confié à Sailor, ce qui semble le mettre dans une belle colère : 
    Et de l'autre, Bobby Peru qui se fait descendre par l'unique policier présent sur les lieux - assez énergique pour arrêter du même coup Sailor, qui se rend plutôt que de mourir comme son collègue :
    Sailor purge donc à nouveau une bonne peine de prison, qui mine de rien va encore durer six années :
    Mais rien ne change la volonté de Lula de le revoir, surtout avec leur fils né entretemps - qui se nomme justement Pace -, quelle que soit la volonté de Marcello Santos ou de Marietta, toujours aussi hystérique :
    Elle le retrouve à la gare avec son jeune fils, mais apparemment, il préfère renoncer et le dit d'emblée à Lula :
    Grossière erreur, car Sailor se retrouve lors de son départ pris dans une attaque inédite menée par une dizaine de personnes, et qu'il finit par sombrer dans le coma... 
    Mais par un sauvetage purement romantique - très nettement inspiré par la célèbre série Twin Peaks, diffusé la même année sur la TV américaine -, dû à la bonne fée Glinda (Sheryl Lee) :
    Du coup, il décide finalement de revoir absolument Lula, et lui chante enfin le fameux Love me Tender d'Elvis Presley - ce qu'il lui promettait dès le début :

    Ecoutez-le vous même, vous allez vous rendre compte - pour une fois - que c'est une très belle fin :

    Car assez curieusement, la plupart des films de David Lynch se terminent souvent assez mal... En tous cas, cela ne lui a pas servi beaucoup aux Etats-Unis, car malgré son grand succès à la Palme d'or du festival de Cannes, Sailor et Lula parvient à peine à dépasser son budget initial de 9 millions de dollars.

    Néanmoins, il marcha beaucoup mieux en France - preuve que l'amour y est bien plus puissant ? -, où il atteint une note moyenne de 4/5, ce qui n'est pas mal du tout. Regardez-le, et éventuellement, dites-moi dans un commentaire ce que vous en pensez, plus de trente ans plus tard !

    Autres films du même réalisateur : EraserheadElephant ManLost HighwayA Straight StoryMulholland Drive

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    dimanche, octobre 01, 2023

    AMERICAN BEAUTY (SAM MENDES)

    Vous connaissez forcément Sam Mendes, non seulement pour ses deux participations à la longue série de James Bond, Skyfall (2012) et Spectre (2015), mais aussi pour 1917 (2019), inspiré partiellement des récits de son grand-père concernant la première guerre mondiale. Mais son film-fétiche restera toujours American Beauty (1999), son tout premier, qui a réussi à remporter entre autres trois Oscars en l'an 2000, dont celui de meilleur film, meilleur acteur et meilleur réalisateur.

    Ce film parle bien sûr de la beauté américaine - Sam Mendes étant en fait bien anglais -, laquelle peut se résumer à quelques principes essentiels dans la vie d'un père :

    1) L'homme doit exercer le meilleur métier du monde, et posséder la fortune et le pavillon que toute sa famille est censée habiter.

    2) Sa femme est idéale, particulièrement belle, fidèle et engagée.

    3) Ses enfants sont eux-mêmes parfaits, et il ne tombe pour ainsi dire jamais amoureux de quelqu'un de cet âge.

    4) Il déteste les homosexuels, et tout ce qui leur est lié.

    Autant dire que le père en question, Leste Burnham (Kevin Spacey, déjà célèbre pour Seven et Midnight in the Garden of Good and Evil), est complètement à l'opposé de ces principes - et voici pourquoi il nous présente, exactement un an avant, sa propre mort comme d'une logique implacable :

    Déjà par son travail, où il passe son temps à répondre - on ne sait pas vraiment pourquoi - au téléphone depuis une quinzaine d'années, avant d'être menacé par son très récent patron d'être viré, Brad Dupree (Barry Del Sherman) :
    Ensuite du fait de sa propre famille Burnham, où toutes ses relations avec sa femme et sa fille unique sont visiblement dégradées :
    Le père tente de renouer avec sa fille, Jane Burnham (Thora Birch), mais visiblement, c'est perdu d'avance... D'autant qu'au même moment, le fils d'un voisin encore inconnu (Ricky Fitts, interprété par Wes Bentley) est en train de les filmer secrètement :
    Quand à sa femme, Carolyn Burnham (Annette Bening), elle travaille en tant qu'immobilière privée, mais apparemment sans grand succès :
    Raison de plus pour les amener tous les deux à contempler leur fille dans la danse annuelle de son lycée, l'une des rares occasions qu'ils ont de sortir ensemble :
    Sauf que Leste Burnham est en fait en train de regarder Angela Hayes (Mena Suvari), avec la musique de Thomas Newman réellement idéale en ce moment visiblement érotique :
    Meilleure preuve ici - particulièrement bien monté !
    Petit à petit, les éléments du film se mettent donc en place... A commencer par le colonel Frank Fitts (Chris Cooper), le récent voisin de Leste Burnham, pas spécialement facile à vivre :
    Pour poursuivre avec la meilleure amie de Jane Burnham, Angela Hayes, qui non seulement se trouve être la danseuse préférée de son père, mais aussi la véritable ennemie de Ricky Fitts - selon elle, un débile profond et dangereux dont Jane ferait bien de se tenir à l'écart :
    Et peu de temps après, on le voit d'ailleurs avec toute sa famille, dont le père est le fameux colonel Frank Fitts, et la mère une pauvre femme contrainte au silence et à la simple approbation de tous ses dires :
    Jusqu'ici, tout semble malgré tout se passer pas trop mal... Sauf que les choses commencent à mal tourner lors d'une grande fiesta, où Carolyn Burnham rencontre enfin Buddy Kane (Peter Gallagher), le roi de l'immobilier qu'elle rêve de rencontrer depuis longtemps :
    Et elle délaisse pour cela sans le moindre complexe son mari Leste Burnham, lequel se retrouve à l'extérieur en train de fumer un bon joint offert - comme par hasard - par Ricky Fitts, qui sert provisoirement de barman dans cette fête ambigüe :
    A la suite de cela, il se retrouve enfin au lit, en train de rêver d'Angela Hayes - sa danseuse préférée :
    A moins qu'il ne s'agisse pas du tout d'un rêve, mais d'un simple fantasme nécessaire à sa pratique solitaire depuis longtemps indispensable - ce qui déplaît profondément à sa femme :
    Laquelle vit de plus en plus mal son propre boulot, qui se révèle catastrophique - tout au moins dans la vue des éventuels clients :
    Pendant ce temps, Leste Burnham profite au contraire de plus en plus de la vie, en demandant les offres et les tarifs de shit que lui propose Ricky Fitts - un grand connaisseur en ce domaine :
    Juste avant de se faire virer de sa boîte par Brad Dupree, qui a l'air du coup assez content - jusqu'à ce qu'il voit combien ça va lui coûter :
    Attention, car le film se dégrade beaucoup à partir de ce moment... Déjà parce que Carolyn Burnham se tape Buddy Kane, le roi de l'immobilier, mais surtout car son mari décide du coup de s'adonner à un travail particulièrement simple, serveur dans un bar de la route :
    D'autant plus que contrairement à ce que prétendait Angela Hayes, Ricky Fitts et Jane Burnham sont de plus en plus proches - notamment concernant ses propres films, qu'elle apprécie beaucoup :
    C'est pile-poil le meilleur moment pour que Leste Burnham décide de reprendre le contrôle de sa vie, notamment concernant sa femme :
    D'autant plus que Carolyn ne prend plus aucune précaution pour cacher sa relation avec Buddy Kane :
    Grosse erreur de sa part, nul besoin de le préciser :
    On s'embarque alors vers des ambivalences de plus en plus sensibles... Déjà avec ce que le colonel Frank Fitts pense - complètement à tort - des rapports de son fils Ricky avec Leste Burnham, qu'il voit directement comme de l'homosexualité interdite :
    Ensuite par la rencontre inédite de Frank Fitts avec Leste Burnham, qui ne se passe pas du tout comme prévu :
    Peu de temps après, Leste Burnham se retrouve comme par hasard chez lui avec Angela Hayes, qui contrairement à ce que l'on pense, n'a jamais fait l'amour avec quelqu'un - même si c'est ce qu'elle cherche à faire croire à tout le monde :
    Mais le père de famille, malgré l'envie qu'il en a, préfère décliner cette invitation... Et au final, tout se passe plutôt bien pour tous les deux :
    Serait-ce fini ? Pas du tout... Car il reste encore à Frank Fitts à détruire celui qui a laissé en lui remonter toutes ces pulsions homosexuelles qu'il est censé détester, Leste Burnham, et il ne va pas hésiter à le faire :
    Nous nous retrouvons donc au tout début du film, avec les seuls personnes heureuses de leur départ, Ricky Fitts et Jane Burnham, et toutes les autres ayant vécu comme ils y parvenaient - autrement dit, plutôt mal :

    Cette première œuvre vous a-t-elle énormément plu ? Cela ne m'étonnerait guère, car malgré son aspect très pessimiste, elle reste pleine d'humour, accompagnée d'un montage fabuleux, d'une musique extraordinaire, et du jeu des acteurs tout simplement parfait... Si vous ne faisiez pas partie des 87% d'enthousiastes, ou que vous refusiez la vingtaine de prix qui lui sont attribués, libre à vous de laisser un commentaire !

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