VANISHING POINT (RICHARD C. SARAFIAN)
Ou encore, en bon français (dû à Richard C. Sarafian, en 1971) :
Le type même de DVD tellement catalogué "série B", que non seulement les éditeurs peuvent se permettre d'en massacrer la couverture, mais en outre de le brader à quelques euros, pour notre plus grand bonheur :
Encore une fois, un road movie presque aussi culte que le très fameux Easy Rider sorti trois ans auparavant, qui se déroule dans un cadre grandiose, occupant à lui tout seul presque la moitié des Etats Unis :
Comme dans nombre de grands films, aucune des quelques images-chocs du début n'est bien sûr laissée au hasard, qu'il s'agisse de la prémonition finale :
D'un résumé abyssal sous fond de No man's land et de cimetière de voitures :
D'un inutile avertissement :
Ou encore, de la gueule hallucinée de Kowalski (Barry Newman), qui traverse tout le film avec ce très étrange regard absolument au-delà, complètement désenchanté, comme s'il n'en n'avait plus rien à foutre de rien - ce qui, en l'occurrence, est d'ailleurs le cas :
Alors bien sûr, de prime abord, les points communs avec le précédent Easy Rider semblent sauter aux yeux, des monstrueux cartons aux fameux choppers, en passant - bien sûr - par la seule drogue envisageable dans ce contexte :
Sans même parler des petits plans bien assassins sur l'Amérique rurale et très bien pensante, que l'on retrouvera par la suite très souvent chez David Lynch :
Et pourtant... Bien des choses séparent en réalité ce film (1971) de son aîné Easy Rider, car en l'occurrence, le héros reste ici un solitaire endurci, dont la quête n'est absolument ni communautaire ni mystique, à peine soutenue (et encore, sans l'avoir jamais demandée) par cet improbable DJ aveugle de la radio KOW, inspiré - pourquoi pas, allez savoir ? - par la grande idole de l'époque, monsieur Stevie Wonder :
Contrairement à Denis Hopper et Peter Fonda, Kowalski n'est pas en quête, mais plutôt en fuite de quelque chose, une sorte de fuite en avant où il lui faut oublier son passé de motard raté :
Son passé de pilote raté - bien que tout le monde prétende qu'il reste toujours "the best of the best" :
Et même son passé de flic raté - raté parce que trop intègre (argh, revoir Serpico, ça me dirait bien, là...) :
Toutes choses que l'on ne découvre que par flashs de façon totalement allusive, et qui malgré tout ne réussissent jamais à nous faire oublier la pure jouissance solitaire du héros face à la toute puissance de la nature - et là, bien sûr, il y a une vraie communauté d'esprit avec Easy Rider, c'est évident :
Même quand il s'agit de la nature au sens le plus large du terme - comme c'était encore couramment le cas durant les années 80 !
Cependant, là où le film s'avère très original, surtout pour l'époque (1971), c'est dans cette sorte d'improbable coalition entre l'appétit de liberté, la pure jouissance de la vitesse, et cette sorte de course à la mort librement consentie, seulement soutenue par l'improbable DJ de la radio KOW (d'ailleurs rebaptisée KOWalski pour l'occasion !) :
Bon. Tout le monde l'avait pensé très fort : "N'y va pas !" :
Mais rien à faire ! Il y ira tout de même, sachant en toute conscience à quoi cela le conduira inexorablement :
En résumé, un film magnifique, malgré son tag "série B", à voir absolument, et qui quelque part, sonne déjà comme une vraie prémonition du totalement déjanté Crash de David Cronenberg...
Comme le conclut l'excellent Dictionnaire du Cinéma de Jean Tulard (Robert Laffont) : "Trop personnel, ce Sarafian : le succès l'a boudé, mais il faudra bien lui rendre justice un jour."
Enjoy !
Comme le conclut l'excellent Dictionnaire du Cinéma de Jean Tulard (Robert Laffont) : "Trop personnel, ce Sarafian : le succès l'a boudé, mais il faudra bien lui rendre justice un jour."
Enjoy !
Libellés : Drame, Road Movie, Sarafian