Tourné en 1978 - soit il y a 46 ans -, ce film nous présente un problème qui serait toujours identique aujourd'hui : le fait que nous ne puissions discerner la vérité du mensonge dans les news de la télévision, tellement le groupe les fabriquant s'avère puissant et intraitable.
Peter Hyams, ayant pas mal de temps exercé en tant que reporter au Vietnam, se lance cette fois-ci dans ce qui est très à la mode à l'époque, en écrivant lui-même le scénario : l'arrivée fictive sur une planète voisine, Mars - celle-ci n'ayant absolument pas lieu, mais étant reconstituée au nez et aux yeux du public, de telle sorte qu'il marche à fond...
L'on s'en doute, c'est la base de son œuvre, qui devrait se révéler encore plus fortement dans Outland en 1981 (avec Sean Connery)... Mais c'est également l'attitude de l'époque, notamment de la NASA et d'Apollo 11 envers la plupart des gens, que l'on va retrouver ici sans le moindre complexe - puissamment réalisé par Peter Hyams !
Commençons donc avec la mission la plus importante, celle que l'on peut évidemment voir sur sa télévision :
Aussitôt, l'ordre du Dr. James Kelloway (Hal Holbrook) surgit, celui d'abandonner le plus vite possible le vaisseau... Le colonel Charles Brubaker (James Brolin) a du mal à l'admettre, mais il se voit bien obligé d'obéir, de même que les deux autres pilotes :
Cet ordre reste bien sûr totalement inconnu du grand public, qui s'accroche à cette mission comme à la plus importante du siècle - même si le président des Etats-Unis n'est pas présent, tout occupé à sa réélection...
On voit ici très bien les deux points de vue, celui qui est réaliste et réservé aux pilotes, et l'autre qui est totalement faux, et concerne le monde entier :
Une fois les trois pilotes arrivés dans cet endroit secret, James Kelloway leur explique comment mimer cette fausse arrivée sur mars, avec tous les effets spéciaux nécessaires... Ils n'y croient pas trop, mais ils n'ont guère de moyens de s'opposer à James Kelloway :
Ainsi réussissent-ils la soi-disant sortie du vaisseau spatial - tous les inconvénients dus à la structure terrestre étant rectifiés en laboratoire avant de passer à la télévision :
En tous cas, leurs trois femmes ont l'air fort contentes :
Néanmoins, le journaliste Robert Caulfield (Elliott Gould), alcoolique et dépressif, commence à se douter de quelque chose - sur les dires du technicien Elliot Whitter (Robert Walden), qui a remarqué une grosse absurdité sur la console :
Un peu plus tard, il décide d'aller chez celui qui lui a révélé ces chiffres, histoire d'en savoir un petit peu plus... Mais contrairement à ce à quoi il s'attend, il tombe sur l'habitante "officielle" du lieu, ceci depuis plusieurs mois - alors que lui-même s'y est rendu récemment :
Mine de rien, on entre ainsi dans la seconde phase du film... Tout d'abord marquée par un piège délibéré sur la voiture de Robert Caufield, dont il réussit tout juste à se sortir - chutant dans le fleuve après bien des efforts inutiles :
Regardez, c'est très impressionnant :
Pendant ce temps, James Kelloway annonce la soi-disant triste nouvelle au monde entier, "Le vaisseau s'est désagrégé au retour"... Non seulement attristant considérablement les trois épouses et le monde entier, mais provoquant surtout une grande réaction de la part des pilotes, qui s'estiment directement visés ainsi :
Que décident-ils alors de faire ? Ils partent déjà en empruntant le seul et unique avion se trouvant sur la piste, réussissant fort bien à semer ceux qui les surveillaient en voiture :
Puis à peine posés, ils décident chacun de prendre quelque chose d'utile, puis s'en vont dans trois directions différentes... Après tout, c'est la seule façon de s'en sortir, vu de leurs yeux :
Au même moment, Robert Caulfield, de plus en plus inquiet, va voir l'épouse de Charles Brubaker (Brenda Vaccaro), juste histoire de l'interroger sur ses derniers souvenirs :
L'avion est bien sûr retrouvé, mais totalement vide... Ce qui a l'air de beaucoup étonner James Kelloway :
Hélas, le commandant James Walker (O. J. Simpson) meurt en premier de soif, tout simplement... Et ceci est en outre totalement anonyme :
Robert Caulfield retourne alors une seconde fois chez la femme de Charles Brubaker, et il y découvre un film qui se passe dans une ville de Far West - pas du tout dans le Yosemite, en fait, contrairement à ce qu'elle disait... Aussitôt, il s'y rend, mais manque tout juste de se faire abattre par un inconnu :
Le second pilote, le lieutenant-colonel Peter Willis (Sam Waterston), est pour sa part tout simplement abattu au sommet d'une montagne... Egalement par des inconnus, mais visiblement des militaires, puisqu'à la tête de deux hélicoptères OH-6 Cayuse :
Il ne reste donc plus à James Kelloway qu'à coincer Charles Brubaker, le colonel de la troupe :
Et il met tous les atouts de son côté, bien sûr... Par exemple, en faisant arrêter Robert Caulfield pour un supposé trafic de cocaïne, qui est totalement inventé :
En attendant, le colonel Charles Brubaker est un petit peu perdu, allant même jusqu'à manger un serpent - faute de mieux :
Heureusement, Robert Caulfield - enfin sorti de prison - trouve un bon avion Boeing-Stearman Model 75, piloté par le fondateur de la société Albain (Telly Savalas) :
Le colonel Charles Brubaker a du même coup réussi à se planquer au centre d'un bâtiment isolé... Mais il est à juste titre inquiet de voir les deux hélicoptères se poser, et décide de s'enfuir au plus vite - atterrissant un peu comme par hasard sur l'avion piloté par Albain, juste sur l'aile :
Vous trouvez la musique géniale ? Vous avez bien raison, elle est due à Jerry Goldsmith (1929-2004), qui l'année suivante devait enfin concrétiser son style digne de Scriabine ou de Stravinsky, entre autres avec son fameux Alien... En attendant, c'est bien là le passage le plus tendu du film, où tous les trois sont susceptibles de se faire coincer par les deux hélicoptères - magnifiquement rendu à l'image par le réalisateur lui-même :
Fort heureusement, il reste à Albain une fumée spéciale à utiliser, et celle-ci a un effet immédiat sur les hélicoptères en question :
Regardez ça, c'est véritablement impressionnant :
Durant tout ce temps, on assiste à la tragique cérémonie d'enterrement des trois pilotes, tenue avec une grande - et fausse - émotion par James Kelloway, entre autre aux yeux des trois femmes. Mais peu importe, finalement... Le colonel Charles Brubaker et Robert Caufield arrive en courant au dernier moment, faisant s'écrouler toute la mise en scène :
C'est l'un des défauts du film : se terminer avec ce plan figé, nous montrant finalement la victoire du colonel et du journaliste... Sans nous faire voir de pair la grande défaite de James Kelloway :
Mais sans doute est-ce volontaire, afin de ne pas s'attirer trop d'ennuis venant de la NASA elle-même... En tous cas, c'est une œuvre qui marche toujours très bien 46 ans après sa conception, et le trailer vous en donnera une bonne idée :
En tous cas, j'espère que vous aimerez énormément, et que vous laisserez aussitôt un commentaire !
Sorti en 1981, Outland est un film assez étonnant, conçu par le réalisateur américain Peter Hyams, déjà réputé pour Capricorn One, qui décrivait la fausse marche sur Mars, et toutes les conséquences qui s'en ensuivaient. A priori, cette œuvre est censée se passe sur Io, une lune de Jupiter, au sein d'une exploitation minière assez puissante :
Bien sûr, cela rend la pièce assez proche du Alien de 1979, au sens où cela se passe très loin de la terre, et reste marqué par des évènements plutôt traumatisants. Mais en réalité, Peter Hyams a surtout voulu en faire une version spatiale du western bien connu de 1952, Le train sifflera trois fois. Au début, certes, nous sommes sur un fait nettement imprévisible de la mort volontaire de l'un des colons, afin de lutter contre l'invasion d'une araignée dans sa combinaison - phénomène qui, selon tout un chacun, serait totalement impossible, et donc fantasmé :
C'est bien sûr le point de vue, attendu par tout le monde, de Mark Sheppard (Peter Boyle), le seul dirigeant de la mine, et qui a vite fait de passer cet évènement en silence pour se préoccuper de la seule chose importante à ses yeux, le rendement :
Malheureusement, ce fait se reproduit à peine quelques jours plus tard, avec un colon qui prend froidement l'ascenseur sans sa combinaison - ce qui est complètement interdit :
Et les autres colons ne sont là qu'impuissants, afin de découvrir une fois tous les étages parcourus, son squelette totalement décomposé :
Ce que l'on voit sans doute mieux ici :
Hormis Mark Sheppard, le personnage le plus important du film est bien sûr Marshall William T. O'Niel (Sean Connery), qui se révèle tout d'abord comme employé nouveau, juste prêt à maintenir l'ordre :
Mais tout commence assez mal pour lui, puisque sa femme Carol (Kika Markham) décide, malgré son amour, de repartir pour la terre, accompagnée de leur fils Paul - message qu'elle n'ose lui affirmer que par téléphone :
Il n'empêche : aussi ébranlé qu'il soit, William T. O'Neil n'en laisse absolument rien paraître... Bien au contraire, il cherche des réponses aux deux morts survenues récemment, et entreprend pour cela des recherches avec le Dr Marian Lazarus (Frances Sternhagen) - qui s'avère aussi dès le début relativement crispée :
Cela va encore se dégrader avec ce nouveau cas, celui d'un colon se montrant particulièrement violent avec une fille presque nue - ce qui est assez habituel sur cette station spatiale, si l'on sait rester calme :
Mais l'homme n'a pas l'air - du tout - de plaisanter :
Pas plus que le sergent Montone (James Sikking), l'adjoint du Marshall le plus haut placé, qui n'a selon ses dires pas pu faire autrement que de l'abattre froidement :
Résultat ? Nous en sommes déjà à trois morts irrationnelles, ce qui pousse de plus en plus William T. O'Niel à travailler avec Marian Lazarus - en fait, pratiquement l'une des seules à être encore de son côté :
Et de fait, il parvient finalement grâce à elle à trouver l'origine de ces suicides, une drogue nommée Euthimal Polydichlorique :
L'une des rares solutions qui lui reste, c'est de s'entretenir avec le sergent Montone, la seule personne qui lui semble encore positive... Mais il obtient une réponse bien neutre :
Surtout qu'à la suite de tout cela, une course insensée se produit entre William T. O'Niel et Nicholas Spota, visiblement un trafiquant très aguerri, que le Marshall finit quand même par capturer, avec pas mal de difficultés :
Une seule solution s'impose alors : le mettre dans cette prison bien particulière... Et le laisser inaccessible à tout un chacun, qui pourrait lui apporter la moindre solution :
Le seul qui sait tout cela, c'est le grand directeur Mark Sheppard... Mais il est plutôt assez méprisant envers William T. O'Niel, dont le soi-disant poste de Marshall lui semble en réalité tout simplement inexistant :
L'unique raison de conforter le Marshall dans ce qu'il pense déjà, c'est la mort inexpliquée de son prisonnier Nicholas Spota, qui a été visiblement assassiné :
Surtout que très peu de temps après, il s'aperçoit que le sergent Montone a subi le même sort - alors qu'il n'était pas en prison, et semblait même le seul à partager, au moins de loin, ses idées :
Maintenant, le Marshall William T. O'Niel est quasiment convaincu que seul Mark Sheppard se révèle le principal responsable, et lui livre même un peu d'humour - que ce dernier ne semble pas du tout apprécier :
C'est le sens même de Outland, qui théoriquement signifie simplement "loin de la terre", mais qui en réalité désigne la foule de problèmes directement visibles dans notre pays - entre autre la liaison entre quelques drogues et certains travaux particulièrement fatigants :
William T. O'Niel dialogue brièvement - toujours par téléphone - avec son fils Paul, lequel lui dit bien que sa femme a réservé trois places pour le retour sur terre, au lieu des deux prévues initialement :
Mais il se voit très vite entrainé vers ce qui sera la séquence la plus dure du film, celle où l'arrivée des nombreux tueurs à gages - évidemment contrôlés par Mark Sheppard - va se montrer bien réelle :
Ce sera pour lui - et aussi pour le Dr Marian Lazarus, la seule personne encore prête à l'aider - un exercice assez complexe à l'extérieur du vaisseau, mais au final bien efficace :
Il parle très peu, mais agit énormément, comme vous pouvez le découvrir ici :
Nous passons sur le dernière scène, comme lui-même passe d'ailleurs - se contentant de donner un bon coup de poing à Mark Sheppard, sachant très bien que c'est désormais sur ses épaules que repose toute l'opération ratée de son assassinat... Au fond, le Marshall obtient ce qu'il voulait, et se dirige désormais vers son ultime place, celle de son retour à la terre - même si cela doit durer un an :
En résumé, je trouve que c'est un excellent film, bien qu'il eut des réactions plutôt mitigées des critiques professionnels en 1981... Bien que cela soit sans doute dû à l'Alien de 1979, duquel il se trouve assez éloigné, c'est peut-être aussi à sa ressemblance avec Le Train sifflera trois fois de 1952 qu'il doit cette mauvaise entrée dans ce milieu, comme d'habitude très fermé.
Néanmoins, avec le temps, les choses revinrent à la normale, notamment la prestation remarquable de Sean Connery fort appréciée, et ce film obtint l'année suivante - en 1982 - six prix au Saturn Awards, dont celui de meilleur film de science-fiction, celui de meilleur acteur pour Sean Connery, et celui de meilleure musique pour Jerry Goldsmith. Ce n'est pas mal, non ?