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  • mercredi, septembre 28, 2022

    BROKEBACK MOUNTAIN (ANG LEE)

    Ou encore, Le Secret de Brokeback Mountain en français, ce qui ne rajoute pas grand-chose... Aimez-vous vraiment Taïwan ? Supportez-vous bien les films très lents, accompagnés de fort peu de paroles ? Détestez-vous à ce point les homosexuels, a priori contre-nature ? Si c'est l'un des trois cas, ce film de 2005 vous est vivement déconseillé... Car il est réalisé par un taïwanais bien connu - Ang Lee -, il se déroule avec peu d'action ou de dialogue, et en prime, il ne parle que d'une chose : l'amour homosexuel absolu, juste combattu par toutes sortes de répressions !

    L'action débute en 1963, où l'on voit tout d'abord Jack Twist (Jake Gyllenhaal), puis Ennis Del Mar (Heath Ledger, hélas mort depuis), qui n'ont pas l'air de se connaître du tout :

    Meilleure preuve ici :
    Mais qu'importe... Après un bref entretien avec le patron, il vont devoir travailler ensemble durant tout l'été dans un domaine du Wyoming - Brokeback Mountain -, en tant qu'éleveurs de moutons :
    Un labeur qui ne les enchante pas vraiment, mais dans lequel Ennis Del Mar est obligé de s'impliquer, étant donné qu'il va se marier sous peu avec Alma :
    Jack Twist a l'air moins concerné, mais c'est l'occasion de remarquer l'un de ces plans magiques dû à Ang Lee... Sans qu'on le devine, du moins à la première vue du film, l'histoire a déjà commencé :
    Et elle se poursuit tout naturellement, lorsque les deux jeunes hommes se trouvent à côté l'un de l'autre, et font ce qu'il ont à faire - et là également, Ang Lee veut juste dire le minimum, sans en montrer plus :
    Ennis Del Mar n'en est d'ailleurs guère culpabilisé, limitant juste - pour l'instant - ces relations à leur strict minimum, afin de mieux se préparer à son mariage prochain :
    C'est assez exotique, du reste, qu'Ang Lee soigne autant ses plans de montagne, tous sublimes, qu'il dissimule ceux de la secrète relation entre Ennis Del Mar et Jack Twist... Peut-être faut-il y voir en partie le sens profond de ce film, dans lequel la nature joue un rôle très important, supérieur à tous les autres ? 
    Quoi qu'il en soit, cela n'empêche pas leur chef Joe Aguirre (Randy Quaid), pas sympathique du tout, de leur faire le jour du départ une remarque assez désobligeante :
    Pas très grave, c'est vite oublié... D'autant plus que dans les jours à venir, Ennis Del Mar n'a qu'une seule idée en tête, épouser Alma (Michelle Williams), désormais sa femme :
    Tout a l'air, au départ, de bien se passer entre eux - bien qu'aussi peu bavard qu'Ennis Del Mar, c'est assez rare... Mais c'est lors de la saison suivante, quand Jack Twist tente de retrouver le même genre de travail, qu'il se heurte au refus de son ex-patron, Joe Aguirre, et à des allusions de moins en moins cachées :
    Du coup, Jack Twist se remet au rodéo, histoire de compenser, et c'est là qu'il rencontre la belle Lureen Newsome (Anne Hathaway, qui ne sera vraiment connue que l'année suivante, avec Le Diable s'habille en Prada) :
    Au début, il pense n'avoir aucune issue... Mais il change vite d'avis, lorsqu'il se découvre au final champion du rodéo - ce qu'il n'espérait en fait même pas :
    Surtout que la jeune fille Lureen Newsome ne se gêne pas du tout, et le drague ouvertement à l'aide de bières et de danses :
    Bien sûr, elle prétend se cacher, à l'aide de fausse précautions... Mais évidemment, il a tout deviné, et ne fait guère marche arrière :
    Résultat, quatre ans plus tard, Lureen Newsome a de Jack Twist un bébé, qui est immédiatement vu comme le sien par son grand-père, L. D. Newsome (Graham Beckel) :
    Du coup, Jack Twist et Ennis Del Mar étant chacun plus libre et moins complexé, il ne vont pas hésiter à se revoir - et tout le monde se doute de ce qui va se passer, ne serait-ce qu'à la minute où ils se rencontrent, après ne pas s'être revu depuis un long moment :
    La seule qui a l'air totalement choquée par cette pratique, qu'elle ne soupçonnait pas du tout, est la pauvre Alma Del Mar - dont la vue sur les yeux suffit à nous décrire ce qu'elle ressent :
    On obtient alors un plan assez long, où Ang Lee retrace le dialogue sous la tente entre Ennis Del Mar et Jack Twist, surtout que ce dernier est bien plus volontaire que l'autre :
    Et cet échange de paroles ne finit pas très bien, souligné tout à la fois par l'oreille grande ouverte de Jack Twist, et des propos très réservés d'Ennis Del Mar :
    Douze ans plus tard, en 1975, ce dernier finit d'ailleurs par divorcer, sort qu'on attendait depuis longtemps - étant donné que leur relation se figeait complètement en ignorance l'un de l'autre :
    Pendant ce temps, Jack Twist sort la vérité à son beau-père, qu'il déteste de plus en plus, étant donné sa volonté de régner sur tout le monde... Il s'énerve beaucoup lors d'un dîner somptueux, où il remet le roi à sa place, celle d'invité n'ayant rien à dire d'essentiel :
    En réalité, Jack Twist aime encore beaucoup sa femme, c'est juste elle qui ne sait pas bien de quel côté se tourner... Mais cela n'arrange rien, et c'est pour lui l'occasion de dire enfin les choses franchement à Ennis Del Mar, lors de l'une des occasions - de plus en plus rares - qu'il a de le rencontrer :
    Il multiplie les aventures extérieures, que ce soit avec un substitut de sa propre femme, ou encore des travestis mexicains, mais en fait, une seule chose lui importe : écrire vraiment ses propres sentiments à Ennis Del mar... Ce à quoi celui-ci est évidemment très sensible, il lui répond même assez vite, mais hélas, il ne reçoit rien d'autre que la lettre qu'il a envoyée, gravée d'une mention évidente :
    Lent, réservé et timide, comme chacun le sait, il finit néanmoins par passer un coup de fil à la seule qui comptait encore pour Jack Twist, sa femme Lureen Newsome :
    Grosso modo, elle lui dit toutes les dernières vérités dont elle se souvient encore... Sauf sur ce qui lui est arrivé en réalité, qu'elle ignore d'ailleurs probablement, mais dont Ennis Del Mar finit par capter très vite le triste fondement - remarquablement résumé par Ang Lee en plans très courts, mais terriblement parlants :
    Jack Twist n'est pas mort lors d'une panne subite de sa voiture, mais agressé sans pitié par au moins trois personnes - dont évidemment on ne sait rien, sinon qu'ils n'aiment pas du tout les homosexuels, et feront tout ce qui est possible pour mettre un terme à cette pratique honteuse.
    Il ne reste donc à Ennis Del Mar qu'une seule chose à faire... Se rendre chez ses parents, un père assez peu concerné, mais une mère profondément touchée, qui lui offre avant son départ une chemise de Jack Twist, qu'il présentera à l'avenir comme un objet sacré :
    Que dire d'autre ? Pour moi, c'est assurément l'un des meilleurs films que l'on ait tourné sur l'homosexualité, d'une part à cause de l'aspect caché et presque invisible de celle-ci, de l'autre côté grâce au caractère caché, magique, et disons-le, profondément amoureux de cet acte. C'est ce que j'espère vous aurez la patience de découvrir dans ce bref résumé du film dans son intégralité :
    Bien sûr, on me soupçonne moi-même d'être homosexuel, surtout pour faire un article aussi élogieux concernant cette œuvre - qui n'en est pas une, aux yeux des coincés sur ce sujet... Rassurez-vous, ce n'est pas du tout mon cas, et beaucoup plus étonnant, ce n'est pas non plus la tendance de Ang Lee, qui de l'avis de 72% des gens, n'est pas homosexuel non plus (contrairement par exemple à François Ozon, qui l'avoue très franchement, et fait pas mal de films sur ce thème).
    Certes, Ang Lee a déjà tourné plusieurs Opus ayant un rapport avec le sujet, notamment l'excellent Garçon d'honneur (1993), ou encore le très connu Tigre et Dragon (2000). Mais tous se passaient en Asie, joués par des gens de tous ces pays, alors que Brokeback Mountain (2005) a entièrement eu lieu aux USA, et fut tourné uniquement par des acteurs américains. Il fut d'emblée adoré par toute sorte de personnes (même non homosexuelles), remportant le Lion d'or à la Mostra de Venise, et rapporta mine de rien près de 80 millions de dollars, pour un budget plutôt faible de 14 millions. Si donc vous avez quelque chose à dire, n'hésitez pas : il suffit de cliquer sur la case de commentaires, juste au-dessous !

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    samedi, janvier 04, 2014

    SUMMER OF SAM (SPIKE LEE)

    Un film de Spike Lee ?
    Je me permets cette entrée, parce que non seulement existe également un autre grand cinéaste nommé Ang Lee, mais aussi du fait que Spike Lee est au départ appelé légèrement différemment, à savoir Shelton Jackson Lee. Mais cela n'enlève rien à sa propre grandeur, même si parmi tous les films qu'il a tourné (parmi lesquels l'un des plus connus reste Do the Right Thing), celui-ci, daté de 1999, est l'un des premiers à changer relativement de sujet, comme nous l'explique Wikipédia.
    "Dans Summer of Sam, Spike Lee qui s'éloigne pour la première fois de la communauté afro-américaine pour plonger dans le Bronx italo-américain n'abandonne pas pour autant ses thèmes de prédilections, l'amitié et la tension sociale entre communautés, qui ici s'entrechoquent dans une atmosphère suffocante. Film de mœurs efficace, Summer of Sam est aussi un film à message, qui, d'un regard ironique et nostalgique (la musique, omniprésente, est un personnage du film) sur les égarements du passé, invite le spectateur à une réflexion sur la tolérance." Ce film, relativement classique, démarre donc par un plan sur un présentateur TV (qui sera le même à la fin) :
    Mais sera immédiatement suivi par une vue du tueur Summer of Sam - en réalité, "the Son of Sam", David Berkovitz, qui n'a que trop réellement existé :
    
    Et à la suite de cela, bien sûr, par une véritable présentation de tous les rôles principaux, ce qui n'est pas rien. En fait, il s'agit surtout de deux couples ; l'un, formé par Mira Sorvino et John Leguizamo, surtout connu pour son rôle quasiment similaire dans L'Impasse de Brian De Palma :
    L'autre, constitué de Adrien Brody, titulaire du César du meilleur acteur dans Le Pianiste de Roman Polanski, mais ici nettement plus déjanté :
    Et surtout par sa future femme, Jennifer Esposito, qui reste - attention, c'est juste un point de vue personnel - la plus belle de tout ce film :
    Reste bien sûr l'autre point de vue du film, celui de Il Padre. Autrement dit, celui des pères du quartier Italien, qui ne vont pas s'avérer aussi gentils que prévu :
    Pendant ce temps là, quelques vues sur le responsable du titre sont bien sûr disponibles de temps à autre :
    Mais l'essentiel du film ne réside pas que là, loin s'en faut. En fait, l'un de ses thèmes principaux se base sur l'amitié des deux garçons, qui bien que très différents en apparence (l'un basé sur sa façon de bien s'habiller, sa femme, son métier, l'autre, à l'opposé, sur ses costumes complètement déjantés, sa passion pour la guitare, son obsession à jouer dans des boîtes homo) vont presque toujours bien s'entendre, tant que l'ambiance de la ville reste en apparence normale :
    Ce qui, comme chacun le sait, ne va pas tarder à se dégrader, surtout en ce torride été 1977 où les meurtres ont eu lieu. C'est du reste la bonne occasion de voir Spike Lee lui-même à l'écran, qui joue ici le rôle assez drôle de présentateur TV, mais en profite aussi pour faire passer pas mal de messages :
    Quoiqu'il en soit - et ceci est une des grandes justesses du film -, tout se passe petit à petit, qu'il s'agisse du concert hard de Adrien Brody et Jennifer Esposito :
    De la mise en perruque blonde, quasiment obligatoire, désormais portée par Mira Sorvino :
    Et bien sûr, de l'inflation de plus en plus rigide du quartier italien, liée, comme à l'accoutumée, à l'augmentation du cynisme de Sam :
    Nous sommes ainsi rendu presque à la fin du film, dans lequel tout reste comme au départ, mais multiplié par 100, si l'on peut dire :
    En réalité, le criminel vient d'être arrêté, comme on le voit sur toutes les chaînes de l'écran :
    Mais on ne le voit pas dans la rue, et c'est cela qui jette tous les italiens dans un règlement de compte bien senti, qui n'a bien sûr aucune raison d'être :
    Les italiens s'en aperçoivent, mais hélas trop tard, et se prennent sur la gueule la phrase bien juste du père de Adrien Brody :
    Le film se termine donc de cette manière, de façon heureusement assez peu marquée, enfin... Ou plutôt, sur la même image qu'au début, sauf que cette fois-ci enfin filmée en plein jour, et à côté de l'ironique "Dead End" :
    Dans l'ensemble, c'est un très bon film, assez proche de Do the Right Thing, même si sa musique en est bien supérieure. En tous cas, le générique de fin en est fort différent, et ceci plaira volontiers aux filles :
    De même qu'aux garçons, bien entendu :
    Bien sûr, je suis un garçon, inutile de le préciser !

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